Né
en 1982, période où le hard FM/AOR était à son apogée, Danger
Zone, le groupe italien du guitariste Roberto Priori, crut sa carrière
propulsée sur les rails du succès dès la sortie applaudie, en
1984, de son premier album "Victim Of Time". Las, le "Bleach" de Nirvana
débarqua dans les bacs en 1989, année où le raz-de-marée grunge
plongea dans un long coma le second opus qu'enregistrèrent, mais ne
sortirent pas, les Bolonais. 27 ans plus tard "Line Of Fire" émergea
des limbes et fut mis sur le marché. Le Transalpin est pugnace, et
cette sortie, digne de la renaissance du phœnix, motiva le combo à
proposer deux albums depuis lors ("Undying" en 2012 et "Closer To Heaven" en 2016). Aujourd'hui sort "Don't Count On Heroes". Comptez sur Music
Waves pour en faire le tour.
Le
sextuor à l’œuvre ici comporte trois musiciens des origines. Le
bâtisseur guitariste précité, le frontman Giacomo Gigantelli et le
batteur Paolo Palmieri. Trente-sept années de fidélité au concept
Danger Zone après un trou noir de deux décennies, ça s'appelle de
la constance. Et cette persévérance ne pouvait que s'étendre au
style musical dispensé ici. Le hard rock FM d'antan est toujours de
mise. Les 80's envahissent les pistes, expédiant l'auditeur dans ses
années folles ou, s'il n'est ni grisonnant ni chauve - chanceux de
jeune - dans celles dont les anciens lui rabattent les oreilles en
l'assurant que c'était mieux avant. Il ne faut donc pas être
réfractaire aux mélodies de l'époque des clips sur MTV pour
apprécier cet opus.
Cependant,
sous prétexte que c'était trop souvent le cas il faut bien l'avouer
en ces temps-là, ne pensez pas que les Italiens sont aussi légers,
question technicité instrumentale, qu'ils sont faciles sur les
mélodies développées sur les onze morceaux de ce "Don't Count On
Heroes". Et ne croyez surtout pas non plus qu'ils ont badigeonné de
miel toutes leurs compositions, sous prétexte que le FM, comme son
nom l'indique, doit pouvoir passer sur les ondes sans perturber les
tympans de la ménagère de plus de cinquante ans. En effet, afin de
ne pas tomber dans cette chausse-trappe qui pourrait rebuter les
adeptes d'une certaine puissance musicale minimum, le père Priori
veille au grain et il est accompagné dans son grand œuvre par son binôme qui n'a pas froid aux doigts, le talentueux Danilo
Faggiolino. Les deux guitaristes musclent avec mesure cette
production et la parsèment de soli sacrément bien troussés qui
pourraient faire quelques envieux, l'opus disposant d'une qualité
supplémentaire avec le brin de voix - plutôt rude pour un chanteur
de cette obédience - de l'homme au micro.
Ainsi,
même si quatre titres de ce cinquième album des hommes de la botte,
aux détours desquels on pense parfois à Journey, se la jouent en mode tranquille, les autres partitions du
nouveau produit de Danger Zone soutiennent des rythmes assurément
robustes. 'Demon Or Saint' qui ouvre les débats, 'Down To Passion' et
son interlude surprenant à l'Hammond, le trépidant 'Breakaway' sont
notamment de ceux-là. Du coup, cette production s'avère finalement
quelque peu écartelée entre AOR et hard rock mélodique.
L’originalité des propos n'est certes pas du voyage, mais l'écoute
de l’œuvre apporte son lot de satisfactions, à n'en pas douter.
Aussi,
félicitons Danger Zone pour ces petits plaisirs et encourageons-le à rester pugnace et à nous offrir un successeur à ce "Don't Count
On Heroes". Le classicisme n'est pas une tare si le travail est
réalisé avec motivation et savoir-faire, et c'est le cas ici. Ces
Italiens ne sont peut-être pas des héros côté innovation, mais on
s'en fiche, les héros de toutes façons on ne peut pas compter sur eux.