Il
ne faut pas nous en vouloir d'évoquer souvent la Suède en matière
de sorties d'opus de hard rock mélodique. Nous n'avons pas d'actions
chez Scandinavian Airlines, c'est acquis. En fait, si des combos de
cette contrée investissent si fréquemment les pages de Music Waves,
c'est qu'ils sortent des albums comme notre société nationale de
transport ferroviaire engrange des retards dans les gares. Ainsi,
voilà qu'un nouveau champignon vient de pousser sous les frondaisons
automnales de la forêt magique de Méloland. Il s'agit de la
troisième offrande du combo natif de Borås dénommé JD Miller.
Mais qui donc sont ces messieurs et que renferme en fait cet "Afterglow" ? Suivez la flèche et passons à la visite commentée.
Pour
commencer il convient, pour éviter toute perte de temps à
l'auditeur, de lui conseiller de ne pas tenter de chercher quel est
le poste de ce JD Miller dans l'effectif suédois qui nous intéresse
aujourd'hui. En effet, l'origine du patronyme du combo vient de
l'association de deux boissons roboratives, le whisky Jack Daniels et
la bière Miller. Original s'il en est. Quand on sait que la
formation a été intronisée en son pays «groupe AOR le plus heavy
du monde» - voilà qui frise l'antinomie - il est permis de
supputer que le quatuor semble apprécier se démarquer.
Ce
titre pour le moins surprenant n'est pourtant pas loin de la vérité.
En effet, JD Miller écartèle les castes et propose des
morceaux aux mélodies sacrément radio friendly, d’orientation
limite pop, qui nous ramènent aux Poodles, cisaillées par des
rythmiques de plomb dignes d'un Pretty Maids énervé, voire d'un
Rammstein mesuré et parsemées de synthés électro. Des fulgurances
de metal alternatif, de power metal et de metal symphonique complètent l’amalgame, surprenant l'auditeur qui ne sait plus sur
quel pied danser, sauf éventuellement sur celui d'Amaranthe. Couplets nerveux, refrains entêtants, breaks
diversement imprégnés - symphoniques, planants, dotés de voix
éthérées - utilisation ponctuelle de la double pédale, synthés
occasionnellement Rammsteiniens, tout est fait pour désorienter.
Cependant,
l'auditeur naufragé au cœur de ce déluge d'éléments diversifiés
peut se raccrocher à un salvateur fil d'Ariane, l'inspiration
mélodique du combo. Et là, Messieurs, chapeau bas. C'est de claque
en claque que nous traversons la tempête, chaque récif/chaque titre
déchirant les flancs de notre embarcation pour nous laisser harassés
sur le rivage. Evoquer les morceaux d'impact immédiat serait une
gageure et reviendrait à citer les onze pépites de cet album.
Osons, si cela s'avérait nécessaire, mettre en avant 'In The
Afterglow', monument de huit minutes, prototype-même du savant
mélange de genres proposés ici, un 'Game Of Love' au refrain presque
dansant et son frère jumeau 'The Desire', et l'entraînant 'Icarus' à la
rythmique pachydermique, au solo façon Rammstein et au refrain
lumineux.
Ainsi,
que nous ayons à faire ici à du néo-metal allégé, du néo-AOR
viril, du heavy aéré, du power metal light ou du metal
electro-pop - vous pouvez mélanger les termes à l'envi, ça
fonctionne - là ne demeure aucunement l'essentiel. Peu importe le
grain pourvu qu'on ait l’ivresse. Et sur cette question-là, ces Suédois amateurs de whisky et de bière en connaissent un rayon !
Un conseil, consommez JD Miller sans modération.