Nombreux sont les groupes qui ont commencé par sortir des albums revêtant une certaine identité underground, avec des défauts certes mais avec le charme de la spontanéité, pour céder aux sirènes du mainstream, diluant l'intérêt né de ces premières réalisations. La liste est longue : Coldplay, Imagine Dragons, Muse... et Stereophonics. Il faut dire que la vingt-cinquième année d'existence arrivant, le groupe n'a jamais ralenti le rythme de sortie d'un album tous les deux ans, "Kind" étant le onzième. Ceci pourrait expliquer l'impression de compositions privilégiant la quantité qui hélas rime souvent avec une qualité sans saveur.
Sous cette cover à la peinture colorée presque enfantine se cachent dix titres tous très bien interprétés et composés mais auxquels il manque un sursaut énergique. Si l'album démarre bien avec 'I Just Wanted The Goods' (nous aussi d'ailleurs !) dans lequel les Stereophonics retrouvent l'allant alternatif des débuts, celui-ci se délite au profit de compositions agréables sous forme de ballades électro-acoustiques plus rock FM US que britannique. Comme lorsqu'on ne veut pas vexer quelqu'un qui demande si elle a un physique attrayant, on lui répond : " tu as du charme", ces compositions en ont réellement ! Mais cela ne suffit pas pour en tomber amoureux.
Trop de titres sucrés se succèdent jusqu'à 'Bust This Town' qui redonne un peu d'espoir face à cet excès de glucose, cependant pour peu de temps car le soufflé retombe trop vite. "Kind" en fait porte très bien son nom car tout y est beaucoup trop gentil et va à l'encontre de ce qui définit le rock : quelque chose de subversif et libre. Parmi ces titres, certains tout de même attirent l'oreille comme le très minimaliste 'Restless Mind' qui sonne très Springsteen avec un bel harmonica en soutien de la ligne mélodique et des chœurs qui apportent un plus indéniable.
L'album s'écoute certes agréablement mais les titres sont trop propres pour susciter l'intérêt. Stereophonics renoue trop parcimonieusement avec le rock alternatif qui faisait toute son essence originelle et s'enferme dans une pop rock autant accessible qu'oubliable.