A la question "qui a inventé le rock'n roll ?", la réponse paraît relativement évidente. On peut citer des grands comme Bill Haley, Big Joe Turner, Fats Domino... et les Wampas ! Le groupe l'affirme haut et fort en 2009 : "Les Wampas ont inventé le rock’n’roll pour vous, les enfants. Rien que pour vous. Alors, profitez-en !". Cette phrase ferait passer le groupe francilien pour le Zlatan Ibrahimovic de la musique mais cela, comme le footballeur il s'en contre fiche.
Il faut dire qu'après plus de 35 ans de carrière, le groupe prétendument précurseur n'a plus rien à prouver et n'a plus qu'à surfer sur ses envies, avec comme horizon uniquement celui de se faire plaisir avant tout. C'est donc avec une pause façon fier comme Artaban, torse velu en avant sur la cover que nous découvrons ce "Sauvre Le Monde". Tout dans cet album part d'une écriture instinctive à un point tel qu'on a l'impression que les paroles sont totalement improvisées sur l'instant.
Didier écrit comme ça lui vient, ce qui donne à l'album à la fois un aspect spontané, non calculé et dans le même temps un foutoir côtoyant un joyeux bordel. Et pourtant ça marche, car Les Wampas n'ont pas leur pareil pour offrir des titres bourrés d'humour avec des mélodies foncièrement attachantes et variées. Partant de ce constat, l'auditeur retrouve l'énergie du rock post punk et alternatif bien connu dans notamment 'I Feel Alright' qui fait un gros clin d’œil à Plastic Bertrand et son 'Ça plane pour moi' tout en égrainant les points de l'Eurovision ou bien 'L'Autoroute des Gros Porcs'
Outre cette énergie débordante, l'album n'est pas exempt de moments de tendresse sincèrement humaine. Car Didier aime les gens comme lorsqu'il chante dans 'Roy' son attachement à un ami qui votait Front National mais qui, à part ça, était sympathique (ce qui en soi n'est pas incompatible), ou quand il pose un regard affectueusement incisif sur le monde dont il fait partie ('Les Chinois Vont Sur La Lune' alors qu'il y a peut-être d'autres priorités que de conquérir le satellite de la Terre...). Les Wampas n'hésitent pas non plus à se moquer gentiment de l'époque yé-yé dans un 'Jenny' qui n'aurait pas dépareillé avec les chœurs féminins qu'affectionnait Serge Gainsbourg dans les 60's.
Avec une production au cordeau, 'Sauvre le Monde' se révèle être un album de bon cru de la part des Wampas, dans lequel le groupe assure une interprétation sans faille. Malgré l'aspect un peu bordélique qui est le corollaire d'une relative authenticité non calculée et calibrée comme en offre rarement désormais l'industrie musicale contemporaine mainstream, ce nouvel album sort de l'ordinaire médiatique ambiant.