Sous l'amusant nom de Dirty Shirley se cachent un guitariste mythique de la NWOBHM, George Lynch (ex-Dokken) et le futur prodige du (hard) rock, le jeune croate Dino Jelusić. Ils sortent en ce début d'année leur premier album éponyme attendu autant par curiosité que par intérêt musical. Alors ?
Fermez-les yeux et appuyez sur play. Non, vous ne rêvez pas, Sa Majesté R.J. Dio semble sorti de sa tombe pour entonner un 'Here Comes The King' au hard rock très typé 80's mais à l'efficacité imparable. Ce mid-tempo entêtant avec son riff familier, le son énorme, le talent d'écriture de Lynch, son break magnifique et cette nostalgie poignante dans la voix de Jelusić vous transportent immédiatement. Il est de ces titres qui valent largement l'achat d'un album. Faites-vous votre propre opinion avec le lien vidéo sous cet article et confirmez à tous que l'on tient là (déjà) l'un des top titres de 2020.
En plus des brûlots hard rock de la même veine que sont 'Dirty Blues', 'Last Man Standing' et l'excellent 'The Dying', Lynch nous embarque dans son univers blues-rock avec un 'The Voice Of A Soul' au solo empreint d'un feeling à vous faire dresser les poils. 'Dirty Blues' est du même acabit, un blues pêchu que Dino accompagne admirablement de sa voix chaude et expressive dans un registre plus proche du David Coverdale des débuts de Whitesnake.
Les grincheux reprocheront à Lynch de rester dans sa zone de confort et à Jelusic d'abuser "d'imitations" de Dio ou Coverdale. Tant pis pour eux. Qu'ils aillent ré-écouter "Holy Diver" ou "Slip Of The Tongue" en boucle. Et tant pis s'ils ne savent pas apprécier un chanteur comme on n'en a pas entendu dans le genre depuis des lustres, capable de déclencher un plaisir immédiat en mêlant modernité et nostalgie.
Alors, bien sûr, tout n'est pas parfait, comme quelques titres plus convenus ('Cold' ou 'Grand Master'), ou comme l'impression parfois de "déjà entendu". Mais qu'attend l'auditeur amateur de hard rock, si ce n'est ce côté roots avec une production actuelle très équilibrée ? Pardonnez-leur de ne pas proposer des claviers électro, du hi-bpm à la double pédale ou un chant strident pour faire moderne. Non, Dirty Shirley c'est du (hard) rock, certes un peu à l'ancienne mais très bien écrit, du rocailleux, du magistralement interprété, de l'émotionnel, bref, du classique à l'état pur.