Quand un groupe est apparenté à l’écurie Klonosphere, c’est souvent un gage de qualité. L’amateur aguerri scrutant toutes les sorties de ce label n’a pas pu laisser passer celle du groupe Mama’s Gun qui propose son premier album éponyme.
Le revival des années 70 ne date pas d’hier et à côté du rock progressif, qui en a fait un sous-genre à part entière, s’est multiplié le nombre de style musicaux y faisant référence. Rien de critiquable a priori dans la démarche, tant que l’approche reste honnête et que le résultat ne bascule pas dans la caricature. Mama’s Gun s’inscrit dans cette ligne en s’appropriant tout un univers musical qui fascine encore de nos jours et en donnant sa propre interprétation plus rétro que nature. Aux premières places du panthéon de Mama’s Gun trônent Black Sabbath qui aurait inspiré la lourdeur des riffs et des rythmiques, Led Zeppellin et Jimi Hendrix pour les tonalités psychédéliques et bluesy. Sur cette architecture se construisent les compositions de Mama’s Gun avec une forte dose de fuzz à la guitare, une basse ronflante et une batterie pachydermique bien mise en avant. Il y a quelques standards au début comme le reptilien et bluesy ‘Shield And Shelter’ et le stoner ‘Both Sides Of Your Mind’ pour une prise de contact qui pose les bases sur lesquelles va se développer plus d’audace par la suite.
Par ses ambiances et sa densité, la musique du trio a la capacité de faire tourner les têtes, c’est la raison pour laquelle votre serviteur a eu d’étranges hallucinations pendant l’écoute : un Steven Wilson laissant baver ses saturations sur le riff de ‘Itchcock’, le refrain de ‘Electrical Redeemer’ pondu par les fondus de Gnö ou un Perry Farrell véritablement viril sur ‘Dead Legends’. Mama’s Gun se fait plus tendre en abordant l’acoustique ‘Righteous Hand’ pour un desert rock zeppelinien et carrément groovy sur le méchant et débridé ‘Greed’. Et quand Mama’s Gun se lâche cela donne ‘Father Fever’ dont les originalités rythmiques et sonores nous font dire que le groupe a de la ressource à exploiter. Ce qui ne tarde pas à se matérialiser très clairement à l’occasion du dantesque ‘Sun Haters Moon Lovers’, morceau à tiroirs qui se termine en apothéose dans un esprit jam jubilatoire. En plus de ses penchants pour la tradition musicale, l’écriture de Mama’s Gun remet au goût du jour les bonnes mœurs en termes de charme et de séduction, les compositions ne se donnent pas dès le premier soir et les mélodies sont assez nuancées pour s’apprécier sur le long terme.
Le trio emmené par trois musiciens de grande qualité, le chanteur-batteur (une rareté!) Théo Jude et les guitaristes Louis Schneider et Guillaume Barrou, frappe fort pour son premier album qui est plus qu’un simple hommage à une époque que beaucoup vénèrent. C’est une vraie signature qui émerge de ce "Mama’s Gun" impeccable de bout en bout.