DAVID CROSS & PETER BANKS: Crossover (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

David Cross aime bien jouer en duo. Après avoir sorti " Another Day" (2018) avec David Jackson, "mythique" saxophoniste du non moins mythique Van der Graaf Generator, puis "Ends Meeting" (2018 également) en compagnie du batteur et percussionniste Andrew Booker, le voilà qui s'associe avec Peter Banks, premier guitariste de Yes, pour un album baptisé "Crossover".

Pas de panique ! Peter Banks, décédé en 2013, n'est pas revenu du paradis des artistes le temps d'une collaboration avec l'ancien violoniste de King Crimson. Comme il l'avait déjà fait pour l'album avec Andrew Booker, David Cross a exhumé un enregistrement réalisé en 2010, fruit d'un après-midi d'improvisations avec le guitariste et qui, faute de temps, n'avait jamais pu être finalisé. Pour étoffer ces rushes, il a demandé en 2018/2019 à quelques musiciens, dont bon nombre ont frayé avec Yes ou King Crimson, d'ajouter quelques lignes de leur instrument respectif, à leur convenance. Le résultat est gravé sur ce "Crossover".

L'improvisation est un exercice délicat qui peut tantôt aboutir à des instants de grâce mais aussi conduire à de regrettables désastres. Et qui nécessite de l'auditeur une totale acceptation des règles du genre : tous ceux qui ne se sont pas préparés à écouter un disque d'improvisations peuvent arrêter là leur lecture et s'épargner la peine de jeter une oreille sur cet album. Les autres y trouveront du bon et du moins bon.

Commençons par les trois titres où Cross et Banks jouent seuls. 'The Work Within', 'Missing Time' et 'Crossover' sont évanescents, impalpables, égrenant des sons vaporeux sans aucune structure, laissant l'auditeur dubitatif sur l'intérêt de ces titres inspirant l'ennui. Si les autres titres conservent cet aspect vaporeux pour la plupart, ils se révèlent nettement plus mélodieux et riches, grâce notamment à l'apport des musiciens ayant collaboré sur ce projet. La basse de Billie Sherwood et les claviers conjugués d'Oliver Wakeman et Tony Kaye sont les centres d'intérêt de 'Upshift', tout comme l'est la batterie de Pat Mastelotto sur 'Plasma Drive', reléguant violon et guitare au second plan. Les mélodies flirtent très souvent avec le jazz rock et le space rock, sauf 'Rock to a Hard Place' résolument plus tourné vers le rock mais peinant à convaincre par ses trop nombreux allers-retours entre passages rythmés par une batterie trop métronomique et breaks un peu trop atmosphériques.

Si le violon de David Cross se taille souvent la part du lion sur ces titres, la guitare de Peter Banks joue plus les utilités, souvent cantonnée dans un rôle d'instrument d'accompagnement plutôt que de soliste. Peu avare d'arpèges, d'accords et de riffs, Peter Banks ne se risque vraiment qu'à un seul court solo en fin de 'Laughing Strange'. C'est maigre !

"Crossover" est donc déconseillé aux réfractaires des disques d'improvisation et aux amateurs de guitare. Les autres pourront trouver un certain plaisir à écouter un disque plutôt mélodieux, relaxant, mélangeant jazz rock, musique spatiale et new age.

DAVID CROSS & PETER BANKS

CROSSOVER

CHERRY RED RECORDS

ROCK PROGRESSIF