Selon le Larousse, l'entropie c'est le ''nom donné par Clausius à la fonction d'état notée S qui caractérise l'état de « désordre » d'un système. Dans la théorie de la communication, nombre qui mesure l'incertitude de la nature d'un message donné à partir de celui qui le précède. (L'entropie est nulle lorsqu'il n'existe pas d'incertitude.)''. Cette définition nous permet de lever un voile sur ce trio bien énigmatique. Si les trois membres originaires de la planète Angers (MEL-49) ont pour patronyme des noms de droïde tout droit sortis de Star Wars, l'entreprise est pourtant claire : faire voyager notre esprit grâce à une nouvelle expérience sonore !
Nous voici prêts à embarquer à bord d'un vaisseau sonore intergalactique à travers nos rêves et notre mémoire. La voix d'un robot baptisé Easy nous donne quelques conseils avant les grandes manœuvres : ''laissez vos émotions vous commander''. Que ces paroles restent gravées dans l'esprit de l'auditeur car ce seront les derniers mots créés artificiellement à partir du langage humain qu'il pourra entendre, celui-ci ne sera plus présent dans sa forme achevée pour ne pas distraire notre passager. Pour une durée de 47 minutes, la fusée se fraie un passage à travers 11 galaxies dont le poids moyen est compris entre 4 et 5 minutes. Le pilotage est assuré par des claviers souvent majestueux ('Brain Control Factory', le très lugubre mais caustique 'Vinyl', redécouverte d'un autre temps d'un format de notre patrimoine) mais dans l'ombre desquels rôdent une guitare assez affûtée (très bonne réception du relais sur 'We The Titans') et une batterie assez leste ('X-P 30 Explorer'). L'état d'esprit de l'équipage est plutôt porté vers la nostalgie malgré les chutes de météorites ('We The Titans') et autres corps célestes étrangers qui viennent se manifester comme le jazzy 'Exo', les chœurs célestes de 'Out Of Gravity' ou 'Pretty Little Dead Thing'. Celui-ci nous accueille avec une ambiance atmosphérique nostalgique qui finit happée sous une lame de fond synthétique. Des mélopées féminines réussissent toutefois à dérouter la tempête et faire hurler de joie une guitare. Ce morceau justifie à lui tout seul l'achat de l'album !
Le travail du groupe puise son inspiration dans le krautrock allemand, la scène électronique, Gary Numan, John Foxx ou encore After Crying. Il fait partie d'un phénomène de revival récent qui dépoussière les sons de claviers et fait la part belle aux nappes synthétiques. Ainsi la New Experience promise dans le titre de l'album est quelque peu usurpée, d'autres l'ont fait avant eux et souvent mieux. Le groupe plante le décor, avance à tâtons mais semble reculer au moment d'enchaîner, la faute en est à la durée courte de chacune des pistes qui les empêche de progresser véritablement ('Vinyl' semble interrompu brutalement alors que la guitare lançait sa charge salvatrice) et de leur donner un vrai ton qui ne repose pas sur une formule unique. Pour se démarquer, Entropy Zero aurait gagné à être plus prolixe sur son concept. Par ses souvenirs, l'homme se libère-t-il des contraintes de sa nature pour s'envoler vers une nouvelle sphère ? Est-ce une vision platonique à laquelle le groupe a voulu nous confronter, à savoir que l'âme est prisonnière du corps ? Nous n'en saurons pas plus et peut-être est-ce mieux ainsi...
Entropy Zero nous propose une expérience, qui si elle n'est pas sans antécédent, s'avère très plaisante à suivre. Si l'absence de paroles justifie le concept, on regrettera toutefois le côté un peu monotone qui en découle, chacune des pistes sortant du même moule. La fin de l'album avec des titres aussi majestueux que 'Vinyl' ou 'Pretty Little Dead Thing' nous prouve qu'Entropy Zero est tout de même en incubation de véritables feux d'artifices sonores.