Dirty Bootz est la création de Geoffray Aznar, un musicien-chanteur montpelliérain biberonné au punk, au grunge de la grande époque et au rock des années 60-70. C’est sa fascination pour les musiciens de blues et de country capables de se produire seuls qui va le pousser à sauter le pas dans une direction artistique solo. Dirty Bootz sera finalement un duo avec l’arrivée du batteur Samuel Devauchelle, seule concession d’Aznar à sa volonté initiale.
C’est bien le seul compromis que Geoffray Aznar s’autorise car musicalement il mélange toutes ses influences sans discrimination. Et le résultat est autant original que rafraîchissant. Partant d’une base blues-rock, Aznar y ajoute un peu de nervosité grunge, notamment dans les accents vocaux, de rondeur country ou de douceur folk. Dirty Bootz alterne les tempi rapides et entraînants qui font immanquablement taper du pied comme l’aride ‘Washing Machine’, ‘Dead Clouds In Your Pockets (and Sunshine Down in Mine)’ qui rappelle l’intensité de Foo Fighters ou le boogie ’Bogeyman’s Grin’ , et les moments plus intimes avec ‘Welcome To The Sun’ aux racines blues des profondeurs, ‘Never Say Goodbye (Outdoor Made)’ joué en picking pour un effet country dépaysant ou ‘When She Comes’ à la déchirure vocale qui se rapproche de celle de Kurt Cobain.
Dirty Bootz a parfaitement assimilé les codes de ces différents styles et sait agrémenter ses compositions pour donner une couleur encore plus authentique. On entend notamment du banjo dans ‘Never Say Goodbye (Outdoor Made)’ à la superbe performance au chant de Geoffray entre pudeur et émotion, et du bottleneck dans ‘Bogeyman’s Grin’, ‘Burnt My Home’ et le très grungy ‘End Is A Start’ sous forme de clin d’œil à Nirvana. Dirty Bootz est un duo qui sonne comme un trio et l’absence de la basse ne se fait jamais sentir. Pour ce faire, Dirty Bootz donne à ses sonorités les moyens d’occuper tout l’espace avec des saturations brutes et baveuses à souhait avec une bonne dose de fuzz et de réverbération (‘Washing Machine’) et une batterie généreuse et relâchée qui résonne longtemps.
Pour un premier album, Dirty Bootz porte haut les couleurs d’un blues grungy à fort caractère. Avec "Broken Toy", Dirty Bootz s’inscrit dans la lignée d’une culture blues et rock américaine profonde tout en donnant une interprétation bien ancrée dans le présent. Il n’y a pas uniquement les amateurs de grands espaces et de road trip qui tendront l’oreille pour cette réalisation. Tout un chacun ayant quelque affinité avec le rock pourrait être touché par l’authenticité et la qualité du travail du duo.