Lorna Shore est une formation de deathcore née en 2010 aux Etats-Unis. Elle a publié deux albums (“Psalms” et “Flesh Coffin”), puis à la fin 2019, elle s’est séparée de son chanteur C.J. McCreery, suite à des plaintes d'agression sexuelle. Le groupe a néanmoins conservé sa détermination, car il publie son nouveau disque “Immortal”, qui sonne comme une volonté de survie.
Le disque, intense et pétillant, est parsemé d’instants symphoniques qui adoucissent sa violence, oscillant entre rythmes écrasants et légèreté sensuelle. Ainsi dès les premières secondes de ‘Immortal’, une certaine légèreté surgit : chœurs grandiloquents, symphonisme emphatique et pointes progressives. Puis la facette death éclot avec des voix caverneuses, des rythmes ébouriffants, des breakdowns majestueux, des riffs intenses et une voix maculée de terreur. La formation s'approprie les bases deathcore (Thy Art Is Murder, Carnifex), les malaxe, puis les sculpte à son image avec une guitare solitaire digne de Michael Romeo (Symphony X), tout en maîtrisant des breakdowns qui suffoquent et des climats sauvages (‘Misery System’, qui expose une violence peu commune). Lorna Shore pousse donc le genre dans ses retranchements en le saupoudrant d'explosions infernales.
Les vocaux de ‘Death Portrait’ sont grumeleux, la batterie navigue sur des rythmes rapides ou écrasants, alors que le titre est habillé d’une aura symphonique sombre. Cet écrin appuie le côté mélodique des chansons alors que la guitare lui insuffle une intensité sombre, sublimée par des variations extrêmes. ‘Hollow Sentence’ débute par de petits arpèges doux qui résonnent dans une église sombre ; ‘This Is Hell’ commence en douceur comme une oraison méditative, avant qu’une vision infernale envahisse les oreilles. Même si le chant et les guitares sont essentiels à l'architecture cataclysmique, ce sont aussi les ornementations symphoniques qui cisèlent cette aura saisissante au bleu arctique.
"Immortal" est un très bon album âpre et sans concession, rehaussé de mélodies glacées, en équilibre entre enfer et paradis, entre glace et magma en fusion. C'est comme une sorte de prémonition : le groupe a chu, puis s’est relevé avec une force et une puissance indomptable. Plein de bruit et de fureur, de sang et de douleur, d’éclats et de couleurs, gorgé d‘angoisse et de terreur, de cris et de pleurs, de haine et de rancœurs, “Immortal” bouleverse inévitablement.