COLD CHISEL: Blood Moon (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Nous pensions les avoir perdus après le magnifique "The Last Waves Of Summer" (1998) qui semblait ne pas devoir connaître de successeur. Nous nous étions enflammés après un superbe "No Plans" (2012) que nous craignions n’être qu’un dernier sursaut de la bête. Mais le tout aussi délicieux "The Perfect Crime" (2015) avait fini par nous convaincre que Cold Chisel était définitivement de retour pour une seconde vie que nous n’osions espérer dans nos rêves les plus fous. Prenant son temps en raison des emplois du temps surchargés de ses membres, la légende du pub-rock australien continue néanmoins à nous offrir de nouvelles livraisons discographiques tous les trois ou quatre ans avec un "Blood Moon" qui débarque sur nos platines fiévreuses d’impatience en cette fin d’année 2019.

A nouveau produit par Kevin Shirley, le nouvel opus voit son propos se concentrer sur dix titres, ce qui peut aussi bien laisser envisager une efficacité maximale qu’une inspiration en berne. La seconde option n’a jamais frappé le quintet down-under depuis maintenant 41 ans. Alors autant ne pas laisser planer un doute improbable en confirmant sans perte de temps que c’est bien pour faire preuve d’une efficacité sans faille que Barnes, Moss, Walker, Small et Drayton ont opéré un tri drastique dans leurs dernières compositions pour n’en retenir que des joyaux finement ciselés. Du rock fédérateur et premier single ‘Getting The Band Back Together’ qui ouvre les hostilités avec son refrain imparable interprété par l’ensemble du groupe, à l’attachante ballade pop mid-tempo ‘You’re So Beautiful’ qui clôt l’ensemble avec Ian Moss au chant, il est impossible de choisir.

Dix titres et aucun remplissage ! Voilà qui pourrait résumer ce "Blood Moon" qui voit Cold Chisel balayer chaque facette de son identité en offrant le meilleur de ce qu’il sait composer et interpréter. Le chant de Jimmy Barnes est toujours aussi puissant et habité, voire déchirant (‘The Killing Time’, ‘Someday’). Les soli de Ian Moss sont toujours d’une finesse incroyable avec cette marque old school qui en fait la réputation (‘Land Of Hope’, ‘Drive’, ‘Accident Prone’). C’est de l’équilibre délicat entre ces deux artistes que vient la puissance de Cold Chisel et l’artisan qui se cache derrière ces deux figures et en assure le fonctionnement avec efficacité et discrétion, c’est Don Walker. Le jeu du claviériste est à l’image du travail de l’ombre de l’homme : juste assez discret pour laisser briller ses partenaires mais sans se faire oublier, choisissant ses interventions avec justesse (‘I Hit The Wall’, ‘Boundary Street’). Quant à la section rythmique, elle apporte un groove et un dynamisme imparables et discrets à la fois. A ce titre, il est impressionnant d’écouter la précision du travail de Charley Drayton qui aura finalement parfaitement remplacé le regretté Steve Prestwich.

Impossible donc de parler de chaque titre tant ils méritent tous que l’on s’y attarde et que l’on y revienne à plusieurs reprises. Avec talent et expérience, Cold Chisel offre un de ses meilleurs albums qui, s’il ne possède peut-être pas de titre historique comme ‘Flame Trees’, ‘Cheap Wine’ ou ‘Bow River’, fait preuve d’une qualité maintenue à son plus haut niveau du début jusqu’à la fin. Superbe équilibre entre enthousiasme et expérience, entre énergie et délicatesse, entre efficacité et qualité de composition, "Blood Moon" n’est pas devenu numéro un en Australie par hasard.

COLD CHISEL

BLOOD MOON

UNIVERSAL

ROCK