Ian Parry est un discret personnage. S'il se vante d'avoir enregistré avec ce ''In Flagrante Delicto'' son 5ème album solo en trente ans de carrière, il faut constater que celui-ci n'a pas bénéficié des mêmes lumières que son quasi homonyme Brendan Perry. Il a certes participé à certains projets (Ayreon, Elegy) mais sans jamais vraiment avoir apposé son sceau. Pourrait-il être pris en flagrant délit d'autopromotion abusive ? Saisissons l'occasion pour découvrir une discographie souterraine.
L'oreille est à peine dressée que déjà quelques noms illustres nous viennent à l'esprit : notre Anglais évolue dans le même bac à sables que des Whitesnake, Foreigner mais aussi Pendragon ou Yes. Les morceaux sont zébrés de redoutables guitares hard et allaités aux claviers sautillants. Pour cela, notre vétéran a réussi à s'attirer le suffrage de quelques collègues reconnus. On peut entendre sur ce disque pêle-mêle Patrick Rondat, Stephan Lill de Vanden Plas ou encore Jeroen Van Der Wiel (Odyssice). Pas forcément une dream team mais un équipage assez costaud susceptible de nous donner quelques frissons.
'Ingenious' se dégage légèrement du lot avec une atmosphère un peu feutrée mais sur laquelle la guitare s'en donne à cœur joie. 'Fly' se détourne légèrement de son sentier hard en ajoutant la fraîcheur d'une guitare acoustique. L'album se concentre autour d'un concept alarmiste sur l'écologie et notamment sur la production de toxiques par l'humain (on peut d'ailleurs en admirer une bonne illustration sur la pochette).
Malheureusement, sous ce délicieux nappage, le goût du gâteau est plutôt âpre. Tout d'abord, l'écriture des morceaux est assez prévisible et manque d'originalité. On pourrait s'amuser à annoncer les soli de guitare à l'avance. L'accumulation de ceux-ci n'est pas très plaisante pour une écoute en osmose. En outre, la voix de Ian Parry recueille tous les suffrages contre elle. Celle-ci semble sans cesse à la lisière de tout ton, ni grave, ni éraillé mais manquant cruellement de puissance et de charisme (la palme à 'The Day We Stopped Dreaming' où aux insupportables vocalises dans l'introduction du morceau final). En outre, le chanteur anglais a la fâcheuse habitude d'étirer les syllabes finales de quelques morceaux.
Si le nom de cet artiste ne vous dit rien, il y a certainement une bonne raison. N'est pas Arjen Lucassen qui veut et Ian Parry a plutôt comme voisin de chambrée un Anthony Kalugin (Karfagen). Malgré la sincérité de l'approche, du travail accompli et du message contre lequel on ne peut être en désaccord, l'auditeur ne peut que s'en décrocher la mâchoire en se réveillant parfois sur quelques soli bien sentis.