Xinema est un trio qui nous vient du pays qui nous a vraisemblablement fourni le plus de groupes à chroniquer dans ces pages, à savoir la Suède. Entre deux des styles dont les groupes suédois sont passés maîtres, le progressif et l'AOR, Xinema a visiblement eu du mal à choisir. C'est ainsi que sur ce "Basic Communication" deuxième album du groupe, on a affaire une musique qu'aurait pu proposer RPWL s'ils avaient été influencés par Rush, Asia et Styx au lieu du Floyd (oui je sais c'est dur à imaginer). Ces diverses influences étant parfaitement maîtrisées, cela donne un album rafraîchissant, accessible et qui s'avère être une des très bonnes surprises de l'année.
Le groupe marque les esprits dès le début de l'album avec 3 titres de haute volée. En particulier, "Colours" est un morceau d'ouverture entêtant en diable grâce à des couplets incisifs et ses claviers virevoltants. "Talk" est un petit bijou de prog-FM, sur lequel on entend du Simple Minds, du U2, du Marillion (période Holidays in Eden) avant d'aboutir à un final rushien épatant, le tout en à peine plus de 5 minutes.
C'est alors que commence la suite "Speak to the world" divisée en 4 parties, dont 2 sont instrumentales. On retrouve dans "Newton's Cradle" tout ce qui a fait la réussite du début de l'album avec un incontestable côté épique supplémentaire. Le morceau titre, qui constitue le final de la suite, se révèle le tournant de l'album qui prend un tournant nettement plus sombre. Le morceau est particulièrement minimaliste et se termine par un solo de guitare poignant. On pourrait appliquer la même description à l'atmosphérique "Life's the way I knew it" très émouvant qui sépare les deux suites.
"Ghost of a memory" développe un côté plus obscur du groupe, les parties de guitare se durcissent et les morceaux se font un tantinet moins immédiats sans perdre de saveur bien au contraire. Sorte de ballade progressive baignée dans un torrent de claviers, "Dust in your eyes" conclut en beauté ces 50 minutes qui, comme c'est le cas avec les belles réussites semblent bien courtes.
L'interprétation est de très grande qualité, les duels guitares-claviers sont nombreux et savoureux ("Black pigeon") et le chanteur quasiment impeccable (seulement un peu en difficulté dans les rares aigus). La principale imperfection réside dans la construction un peu simpliste des deux suites dont les sous-parties semblent un peu artificiellement reliées mais, lorsque la qualité est au rendez-vous, c'est le genre de défaut que l'on pardonne facilement aux plus grands (je pense à Spock's Beard sur Octane). Nul doute que Xinema, avec un peu de maturité en plus, en fera très vite partie. A découvrir absolument !