Quand vient le moment de découvrir un nouveau groupe, on attend toujours, on espère secrètement que dès les premières secondes du premier morceau, quelque chose se produise… On a envie d’entendre un truc qui tout de suite dégage une énergie, une émotion, le truc qui donne envie de réécouter à nouveau l’album que l’on vient de découvrir, et cela après une simple première écoute.
Darjeeling, groupe rouennais, arrive à déclencher, avec surprise, ce type d’émotion et cela malgré le chant en français dont je ne suis pas adepte (mais je me soigne).
Bien que le groupe existe depuis 1998, l’album « l’envers du décor » est sorti en 2005 et a été produit par le chanteur Eric Pariche. L’accompagnent dans cette aventure, Jérôme Jaffre à la basse, Antoine Lionack à la batterie et Phil Vermont à la guitare.
Avec ce premier album, Darjeeling nous propose un métal progressif bien musclé… Les compositions sont principalement construites autour de riffs bien plombés et d’un chant très dynamique et expressif.
Plutôt que de passer en revue les 13 titres qui composent cette galette, on peut décrire leur musique en utilisant les qualificatifs suivants : énergie, riffs bien plombés et gras, solos bien construits et techniques, section rythmique efficace, voix puissante, bien placée, oscillant tantôt entre cris puissants et chant de type lyrique, grande palette vocale (on note souvent des intonations arabisantes dans le phrasé), très bonne expressivité, textes accrocheurs remplis de poésie (faisant penser parfois à Nemo) et bonne production (la voix étant peut-être légèrement sur mixée)…
On sent que les morceaux sont parfaitement taillés pour la scène avec des durées tournant toujours autour des 5 minutes. L’ensemble des titres forme une très bonne unité, très cohérente. Ce que l’on peut éventuellement « reprocher » à cet album, c’est son aspect « monostylistique » : entendez par là que les différents morceaux présentent des ambiances assez proches (mis à part certains passages introductifs et quelques incursions funky et orientales) : on trouve peu de mélanges stylistiques, en fait je me demande si ce n’est pas plutôt une impression qui est visiblement donnée par la puissance des rythmiques qui forment toujours une épaisse épine dorsale dans chaque titre… Mais pourquoi chercher à proposer une macédoine musicale si on maîtrise parfaitement le plat du jour sans lasser la clientèle !!!
Le couple chant/guitare forme en effet une signature très reconnaissable, un style propre, ce qui est un avantage dans toute production musicale. L’énergie est là, les temps morts sont rares…
On remarquera en particulier le titre « Vision », sur lequel on se demande quelle est la langue chantée. En fait, il s’avère que c’est du français mais que le texte a été trituré de manière à sublimer les mots… Ainsi, l’ordre des mots, la manière de les prononcer, le « codage » utilisé aboutit à une nouvelle langue. Le texte en français serait utile pour y déchiffrer son sens. Morceau très intéressant…
Un premier album très prometteur donc, on attend le suivant et l’opportunité de les voir sur scène. C’est une très bonne découverte : à écouter absolument, même si le chant en français vous rebute… Vous passeriez à côté d’une bonne surprise. Allez voir leur site pour vous faire une idée, celui-ci est très d’ailleurs bien fait.