Il s'en est passé des choses depuis « Noise » (2004). La sortie de l'album « Unplugged » et surtout le départ de Craig Walker qui faisait la voix et la noirceur du groupe depuis « You All Look The Same To Me » de 2002. Départ qui fît le bonheur de la plupart des fans qui n'avaient pas trop apprécié la tournure que prenaient les évènements avec le précédent album.
Pour remplacer la voix emblématique de Craig Walker, Darius Keeler et Danny Griffiths ont fait appel à Pollard Berrier, originaire de la formation allemande « Bauchklang » (Mélange de rap, reggae, funk et musique électronique...), à Dave Penney et à Maria Q que l'on a pu apercevoir à leurs côtés lors de la tournée de 2005. (Ca sera pourtant Dave Penney qui interprètera les morceaux de la période Walker en live). Trois voix pour n'en remplacer qu'une seule. Faut-il vraiment tout ça? Craig Walker était-il à ce point indispensable? Comment navigue le bateau sans son capitaine? Réponse incessament sous peu et même avant.
« Sain » n'est pas le premier morceau de « Lights » pour rien. Il n' a plus grand chose à voir avec le planant « Noise ». L'électronique semble avoir repris le pas sur les quelques notes de synthé bouleversantes. Premier contact aussi avec les nouvelles voix. C'est là que l'on voit à quel point la voix de Craig Walker était typée dans ce répertoire. Démente, aliénée,... Sur cet opus de 2006, Pollard Berrier rentre plus dans les normes classiques d'un chanteur « normal » avec une voix « normale ». Ni David Penney ni Maria Q ne semble pouvoir changer ça.
« Sit Back Down » toujours un peu plus électronique et toujours un peu plus « dance » ne faiblit pas. Une rythmique agréable et une voix qui ne prend pas trop de risques. Rien de neuf sous le soleil.
Mais voilà qu'arrive « Veins ». Les premières notes de clavier annoncent un retour à la musicalité de « Noise ». Et c'est presque ça. Pour le fan qui avait apprécié « Noise » à sa juste valeur, l'album commence véritablement ici.
Le single de cet opus, c'est « System ». Il s'inscrit dans la lignée des précédents morceaux, c'est-à-dire résolument plus électronique et moins progressif. Certes les guitares sont accrocheuses et la voix semble se rapprocher d'un Craig Walker sur « You All Look The Same To Me » mais ce n'est plus la même magie. Quelque chose manque.
Ce quelque chose, c'est la plage éponyme. Longue de 18 minutes, c'est le morceau phare de l'album. Vous en avez certainement déjà tous entendu une infime partie dans une publicité - quelques notes de clavier qui prennent de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure que la chanson progresse. Le côté progressif, justement, revient en force. La musicalité qui avait consacré Archive en 2004 a rattrapé « Lights ». Il était légitime de penser que Darius et Danny voulaient enterrer cette époque... Mais non. S'il fallait ne sauver qu'un seul morceau de l'album, ça serait sans hésiter celui là.
S'ensuit une ballade chantée par Maria Q, dont la voix me fait penser à Elizabeth Frazer (Cocteau Twins, Massive Attack, ...) sur le morceau « Teardrop » du groupe précédemment cité. Le duo piano/voix est d'une autre consistance que sur « Noise » mais agréable quand même.
Finalement, l'album n'est pas mauvais. Au contraire, il est du calibre d'un « You All Look The Same To Me » mais les voix ne sont pas ce qu'elles étaient sous l'ère Walker. Ceux qui comme moi avaient apprécié le « Noise » et même le planant « You All ... » se sentiront un peu perdus face à ce brusque changement qui n'est autre qu'une sorte de retour aux origines (A savoir l'album considéré par beaucoup comme le meilleur, le « Londinium » de 1996). Ceux-là ne pourront néanmoins pas passer à côté du splendide morceau « Lights ».