Tenez, prenez ça dans les gencives ! After The Burial est toujours vivant, toujours debout et toujours vert ! Pourtant personne ne donnait cher de la peau du groupe après le décès tragique de son fondateur Justin Lowe en 2015. "Dig Deep", paru l’année suivante, sonnait comme un adieu et un hommage au guitariste schizophrène, qui avait participé à l’essentiel de la composition de l’album avant de tirer sa révérence de façon aussi soudaine qu’inexplicable à seulement 32 ans. Mais après quinze ans d’existence, dont plus de dix passés à porter l’étendard djent au sein du label Sumerian Records, After The Burial ne pouvait pas quitter la scène en laissant orphelins ses fans avides des brûlots metalcore à la sauce djent dont les Américains ont le secret. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec ce nouvel album, "Evergreen", After The Burial leur prouve que, malgré les tragédies et les changements de line-up à répétition, il n’a pas l’intention de mettre de la morosité dans sa musique.
Dès le premier titre, ‘Behold The Crown’, le groupe annonce la couleur. Vous voulez du djentcore qui tabasse ? Vous allez en avoir. Et du sacrément bon. Riff énorme, harmoniques artificielles, chant hurlé, rythmique djent fracassante, solo de guitare tranchant, tous les ingrédients de la musique d’After The Burial sont ici réunis, sans oublier cet humour de sales gosses qui distinguent les kids de Minneapolis de leurs homologues Meshuggah et Periphery et les rendent si attachants. Le clip de ‘Behold The Crown’ qui montre des Vikings s’affronter à coups de boules de neige est une belle démonstration de farce potache.
"Evergreen" enchaîne les uppercuts dans le plexus solaire de l’auditeur à grands coups de riffs assassins (‘Exit, Exist’, ‘A Pulse Exchanged’) et de dissonances (‘In Flux’) et l’empêche d’ajuster sa garde car, malgré la violence et la brutalité des coups portés, After The Burial le laisse parfois souffler lors de brefs passages atmosphériques (‘In Flux’, ‘Quicksand’) et ne néglige jamais la mélodie (‘Respire’, ‘The Great Repeat’). Le travail de Trent Hafdahl, maintenant seul aux commandes des guitares, est à ce titre particulièrement remarquable, notamment sur l’impressionnant ‘11/26’ qui fusionne à la perfection une rythmique deathcore redoutable et un djent progressif mélodique et inspiré.
Doté d’une production hyper moderne et presque clinique dans la plus pure tradition djent, "Evergreen" est un album à l’efficacité redoutable qu’il est bien difficile de prendre en défaut, mis à part le chant d’Anthony Notarmaso qui ne s’encombre pas de nuances, au risque de devenir monotone sur la durée. Il n’empêche que, à cheval entre une scène metalcore qui cultive souvent la médiocrité et une scène djent qui se prend beaucoup trop au sérieux, After The Burial réussit comme personne à conjuguer lourdeur et légèreté pour notre plus grand plaisir. Vues les épreuves que le groupe a réussi à traverser, c’est tout à son honneur.