Il n'est pourtant pas l'heure d'un revival psychédélique ! Nos épouvantables hippies n'ont guère d'accointance avec les babas aux colliers de fleurs prodiguant de mièvres messages de paix. Ces Français ont sorti un an après leur formation en 2015 un premier EP qui punchait allègrement sur le ring du hard rock tout en dévoilant une palette assez généreuse d'influences. Après ce premier effort, l'étape de l'album est naturellement franchie. A l'instar de sa pochette qui rappelle le jeu vidéo Celeste, Dreadful Hippies va-t-il gravir le mur du son ?
Dès les premiers minutes, on comprend très vite que le groupe n'a pas subitement renoncé à son style explosif. Dreadful Hippies met en avant sur 37 minutes un gros son heavy rock avec des guitares proches de la folie furieuse. La guitare sait même se montrer équilibriste comme sur son solo lors de 'Blue Velvet' ou le riff tournoyant de 'Something Nu'. Le chanteur qui aurait pu participer au casting du film "Hurlements" de Joe Dante produit un growl gelé et légèrement ralenti à la façon de Jaz Coleman de Killing Joke. La batterie semble légèrement amorphe, comme exsangue, manquant parfois de punch.
Encore nouveau-né, le groupe puise généreusement dans ses influences. Il sait toutefois s'en démarquer grâce à ses atmosphères contrastées. Paradoxalement, c'est lorsqu'ils s'éloignent de leur genre de prédilection que nos Dreadful Hippies fleurissent. Au sein d'un morceau furieux, les musiciens sculptent des atmosphères ralenties, légèrement malsaines sur lesquelles Niko Green pose une voix plus claire, plus sensuelle (sur le pont de 'Minus', 'Standoff', 'The Other 99' ou sur la ballade gelée 'Blue Velvet') mais encore empreinte de rage ('Untitled') comme pourrait le faire un certain Maynard James Keenan. Si le résultat final se montre à première vue séduisant, le groupe manque pourtant encore d'un peu de maturité pour équilibrer l'ensemble avec efficacité. Les différents genres évoluent parfois en circuit fermé et ne semblent se rencontrer que par hasard.
Avec ''Rover'', Dreadful Hippies nous offre un son heavy rock décomplexé qui s'autorise quelques intéressantes incartades en dehors de son style. Le groupe a collecté beaucoup d'influences aux quatre vents mais ne parvient pas tout à fait à les assembler en un tout cohérent. Mais pour un premier album, Dreadful Hippies annonce la couleur et est bien capable de tout renverser un jour ou l'autre.