SONNY LANDRETH: Blacktop Run (BLUES) : avis / chronique à lire sur Music Waves

L’air de rien, depuis son arrivée chez Provogue, Sonny Landreth a changé de dimension. Celui qu’Eric Clapton n’hésite pas à présenter comme l’un des guitaristes les plus injustement sous-estimés semblait être destiné à une carrière honnête mais discrète avec déjà 15 albums solo et deux live derrière lui. Et puis "Bound By The Blues" (2015) est arrivé, et avec lui la reconnaissance pour le maître du blues cajun. Après la transformation de cet essai par le superbe "Recorded Live In Lafayette" (2017), il est temps d’enfoncer définitivement le clou avec un nouvel album studio intitulé "Blacktop Run".

La proximité des pochettes entre ce nouvel opus et "Bound By The Blues" pourrait laisser craindre une prise de risque réduite à sa plus simple expression. Pourtant, il n’est pas ici question de se reposer sur ses lauriers, mais bien de confirmer l’éblouissant talent d’un artiste particulièrement attachant. Alors qu’il avait profité de son précédent live pour réhabiliter un "Elemental Journey" qui avait partagé les avis, Sonny Landreth joue ici sur l’alternance entre titres chantés et pièces instrumentales qui rappellent la démarche de l’album de 2012. Le pari est réussi haut la main car il ajoute à la variété de l’opus et renforce son dynamisme, ce qui n’est pas peu dire car le titre éponyme captive l’auditeur d’entrée de jeu pour que ce dernier ne puisse s’échapper qu’après un ‘Something Grand’ délicat et mélancolique qui clôture l’ensemble en laissant des étoiles plein les yeux.

En 35 minutes, la messe est dite et le voyage est d’une richesse aveuglante : entre hymne imparable à la route (‘Blacktop Run’), voyage au cœur du bayou (‘Mule’ et sa complicité entre la guitare de Sonny et l’accordéon de Steve Conn), paysages troublés par les brumes de chaleur (‘Somebody Gotta Make A Move’) ou hommage aux défenseurs de l’environnement (‘The Wilds Of Wonder’), il y a ici de quoi ravir vos pavillons auditifs et stimuler votre imagination. Le King of Zydeco et sa troupe de fidèles dégainent aussi bien des titres enflammés à la slide rutilante et au groove à faire tortiller du popotin Christine Boutin (‘Groovy Goddes’) que des pièces vaporeuses aux riches textures (‘Many World’). Chaque titre est un joyau qui enrichit une œuvre kaléidoscopique aussi brillante que son auteur est discret et modeste, laissant sa guitare briller pour lui.

Une fois de plus, le résident de Breaux Bridge (Louisiane) réalise un sans-faute et offre une œuvre variée et captivante. "Blacktop Run" vient conforter Sonny Landreth dans son statut de maître du blues cajun et d’icône de la Louisiane. Cet opus accompagnera aussi bien vos virées sur les highways du sud des Etats-Unis qu’il vous permettra de vous échapper de votre quotidien pour rêver à des paysages changeants et envoûtants. Encore un must du genre ! A bientôt 70 ans, c’est à se demander à quoi tourne ce bonhomme aussi discret que talentueux.

SONNY LANDRETH

BLACKTOP RUN

MASCOT LABEL GROUP

BLUES