Nous recevons en ce début 2020 la deuxième production de Cask J. Thomson, "Surviving on Borrowed Time". L’auteur a simplement nommé son groupe "Cask", une décision logique puisqu’il fait tout dans cet album : auteur-compositeur, chanteur, guitariste, bassiste, claviériste, percussionniste, conception graphique, pour un opus en auto-production, une production qualifiée de "directe, équilibrée et avant-gardiste, avec un son moderne et rafraîchissant rendant hommage à Kataonia, Anathema ou Porcupine Tree". Bigre !
Évoquer des pointures, c’est bien joli, encore faut-il que le résultat soit à la hauteur... Pour notre plus grand bonheur, Steven Wilson est toujours de ce monde, sinon il se retournerait dans sa tombe : non, la production n’est pas équilibrée, mais plate, avec une basse quasiment inexistante. Le son n’est pas "moderne", mais plutôt typé 70’s, avec quelques touches electro qui mêlées à des plans atonaux (beaucoup des fins de morceaux) constituent vraisemblablement la part "avant-gardiste" du projet.
Ce parti-pris pourrait faire illusion si la qualité des compositions ou les prestations instrumentales rattrapaient la sauce. Malheureusement, le côté mélodieux ou harmonieux ne rentre pas dans les intentions du compositeur : les thèmes sont à la fois pas très compliqués et moches, ce qui ne les rend pas d’emblée sympathiques.
Et pour couronner le tout, la prestation vocale de Cask peut figurer parmi les plus misérables des dernières années : à la limite de la fausseté (‘Blood In Utopia’, qui a failli faire illusion sur ses 2 premières minutes simples mais relativement efficaces), diction incertaine et parfois vulgaire, beaucoup d’effets surajoutés, timbre nasillard, tenue des notes pas assurée... Voilà qui donne des moments d’intense solitude musicale, par exemple sur le début piano-voix de ‘Safe’, un exercice qui ne supporte pas l’à-peu-près - mais les essais de tierce vocale de ‘Cataclysm In Winter’ (quel titre bien trouvé !) ne sont pas mal non plus.
Aucune partie instrumentale consistante ne vient détroubler ce marécage musical : au contraire, certaines sections frisent le grand n’importe quoi (la fin d’ ‘Hourglass’, ‘Reaper’, ‘Safe’, ‘Inapprehension’...). Arrivé à la fin du disque, on comprend pourquoi seul Christian Donovan crédité au chant se retrouve dans le line-up : personne d’autre ne voulait l’accompagner dans ce naufrage...
Notre Assurancetourix des temps modernes a prévu que "Surviving on Borrowed Time" constitue "le premier tome d’une dystopie tragique". Tragique est le mot : pas sûr qu’on ait envie d’ouvrir les tomes suivants...