Après lui avoir diagnostiqué un cancer il y a 5 ans, les médecins révèlent au musicien qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre. C’est alors que Franck Wyatt entreprend alors de se lancer un dernier défi en sortant son album solo "Zeitgeist". L’occasion rêvée pour notre homme fort de s’entourer de nombreux amis musiciens (14 participants au total !) pour parachever sa belle carrière.

Le premier contact avec l’album provient de l’artwork, remarquablement beau, de quoi donner à l’auditeur l’envie de s’immerger totalement dans l’univers du claviériste. Durant près d’une heure, les musiciens s’aventurent dans des contrées très diversifiées. On retrouvera du rock fusion (‘Twelve Jumps’ et ‘Zeitgeist’ dont le thème répété de nombreuses fois n’est pas sans rappeler "Wired For Madness" de Jordan Rudess), des ballades (‘Eleventh Hour’), du jazz rock (‘Twelve Jumps’), un côté symphonique prégnant (‘The Approach’), et même de la musique classique (‘Perelandra’).

Au vu de son passé et de la richesse de son parcours, il est évident que le leader n’a plus rien à prouver avec cet album. Le fait qu’il s’agisse probablement de son dernier album confère à cet opus un côté personnel, une dimension presque intime. On sent que Franck Wyatt prend plaisir à expérimenter différents horizons, et c’est bien normal.

Mais ce côté expérimental, bien que totalement justifié, rend le tout parfois relativement hermétique. Au final, l’album est presque instrumental à l’exception de quelques rares interventions chantées (‘Zeitgeist’ et ‘Eleventh Hour’), et cette quasi-absence de chant a tendance à pêcher à la longue, alors qu’elle aurait pu permettre à certains morceaux aventureux de se recentrer un peu.

L’album finit sur une pièce de musique classique divisée en quatre parties : ‘To Venus’, ‘The Green Lady’, ‘The Golden Feast’ et ‘Blessed Be He’, chacun faisant partie de l’un des mouvements de l’œuvre globale baptisée ‘Perelandra’. Une idée originale donc, mais là encore, cela manque d’idées fortes ou de highlights comme on aime tant en trouver dans le genre. C’est beau, c’est changeant, c’est riche, mais on peine à décoller, d’autant plus que les quatre parties n’ont pas forcément de lien les unes avec les autres. La section ‘The Golden Feast’ relève tout de même un peu le niveau avec des sections à cordes inspirées. Notons aussi le beau final ‘Blessed Be He’ qui amène une touche épique et symphonique à l’œuvre.