TREPALIUM: From The Ground (METAL FUSION) : avis / chronique à lire sur Music Waves

L’inspiration d’Harun Demiraslan est en pleine effervescence et avec la générosité qu’on lui connaît il nous en fait profiter pleinement. C’est ainsi que quelques mois seulement après la sortie de l’indispensable deuxième album de Step in Fluid "Back In Business", le Poitevin redémarre le moteur de son groupe Trepalium, en repos depuis l’EP "Damballa’s Voodoo Doll" paru en 2015. La nouveauté dans les rangs du groupe est de taille puisqu’elle concerne le remplacement de Cedric "KéKé" Punda parti en 2017 par Renato Di Folco (Flayed).

Ce mouvement de personnel n’est pas pour nous déplaire car si la musique expressive de Trepalium a toujours vigoureusement agité nos castagnettes, la couche de chant death enragé de KéKé pouvait provoquer comme une surdose un peu fatigante sur la longueur. Un chant fluet type Petits Chanteurs à la Croix de Bois n’aurait peut-être pas fonctionné non plus, même avec la grosse voix du petit rondouillard au dernier rang. Le choix de Renato, sa gouaille virile et son attitude qui en impose, est parfait pour incarner la musique de Trepalium, puissante, festive, groovy et colorée à souhait. Il faut rendre hommage à la finesse d’Harun qui a su le pousser dans ses retranchements pour obtenir de lui un souffle d’une impressionnante intensité qui laisse coi.

Cette divine arrivée coïncide avec la nouvelle tournure qu’emprunte le metal fusion de Trepalium dans "From The Ground". Le jazz, ses cuivres étincelants et son swing laissent place à un blues terreux au groove diabolique nappé de claviers rétro (le Hammond sur ‘Twins Brawl’) pour une ambiance comme il faut. Depuis le dernier Step In Fluid, Harun est choyé par la fée créativité, tout ce qu’il compose est marqué du sceau de la réussite assurée. Si on pouvait forer sa boite crânienne, on y verrait un magma bouillonnant d’où il puise cette énergie dévastatrice, ces riffs adamantins (‘From The Ground’, ‘Twins Brawl’, ‘Everything Is Supposed To Be Ok’) et toutes les tournures rythmiques tarabiscotées (‘From The Ground’, ‘To The Sun’) qui feraient frétiller une moule. Ça chaloupe (‘Feeling Cold’), ça cogne, ça chicane dans les saloons (‘Aimless Path (Part 1)’), le tout en une petite vingtaine de minutes totalement jouissives.

Comme il est difficile d’être simple. Ce mot de Van Gogh s’applique à merveille dans le cas de ce "From The Ground" étonnamment court. Mais Harun et ses précieux acolytes n’ont pas besoin d’en dire plus, tout est déjà là. Et de toute façon, il tournera en boucle donc la question ne se pose même pas.

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