XTC: Go 2 (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Quelques mois seulement après la sortie de son premier album, "White Music", XTC retrouve les studios d'Abbey Road en compagnie de John Leckie. Le quatuor avait pensé à Brian Eno pour produire ce deuxième album mais l'ancien Roxy Music aurait refusé sous prétexte que les quatre hommes étaient assez doués pour pouvoir le produire eux-mêmes.

L'auditeur, tombé à l'époque sur le vinyle dans les bacs, a dû être déconcerté. Conçue par le célèbre studio graphique Hipgnosis (qui a entre autres travaillé avec Pink Floyd, ELP ou encore Genesis), la pochette est assez originale : un texte blanc écrit sur un fond noir dans lequel le groupe explique, non sans humour, les différents moyens mis en œuvre pour que l'auditeur achète cet album malgré l'absence d'une pochette accrocheuse.

"Go 2" s'inscrit dans la lignée directe de "White Music". Cependant, si l'on y retrouve ces mélodies boiteuses, cette course en avant folle des instruments ('Jumping In Gomorrah'), l'impact est ici moins fort, comme si le groupe s'était assagi ('Buzzcity Talking' en pilotage automatique, 'The Rhythm' un peu trop sec, 'Beatown' en déshérence). Les paroles naguère inventives semblent ici moins inspirées. En outre, Andy Partridge a succombé aux doléances du claviériste Barry Andrews d'enregistrer deux de ses compositions. Si la première 'My Weapon' est tout à fait quelconque, la seconde 'Super-Tuff' installe un climat anxiogène renforcé par la basse ronflante et le jeu jazzy de Terry Butcher sur un rythme de reggae nocturne.

Car "Go 2" n'est toutefois pas un album raté. 'Battery Brides Andy Paints Brian', clin d'œil à Brian Eno (avec un son de clavier dans le sillage de "Another Green World") et 'Life Is Good In The Greenhouse' se présentent comme des avortons du glaçant 'Complicated Game' qui figurera sur le prochain album, avec une ambiance inquiétante et un lent crescendo (sur le premier de ces titres, le chant d'Andy est étonnamment calme et éthéré). Sur 'Red', Andy Partridge retrouve sa folie furieuse, soutenu notamment par un saxophone dément. Le bassiste Colin Moulding, auteur de quatre titres, tire son épingle du jeu avec 'I Am The Audience', pourvu de climats hallucinés et d'un refrain martial. Ajouté en bonus, le single 'Are You Receiving Me ?' est plus pop. Le chant d'Andy y est psychotique à souhait sur un tempo rapide et nerveux.

Alors que "White Music" avait permis de faire un départ sur les chapeaux de roue, "Go2" fait plutôt du surplace, XTC répétant à l'aveugle sa formule. L'album sera pourtant bien accueilli par le public (21ème dans les charts). Fatigué d’être la troisième roue du Solex, Barry Andrews prend la clé des champs. On le retrouvera plus tard sur l'album "Exposure" de Robert Fripp.

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