XTC: Drums And Wires (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

A la sortie de "Go2", XTC est réduit à un trio. Le claviériste Barry Andrews, ne supportant plus que le noyau créatif soit centré autour d'Andy Partridge et de Colin Moulding, claque la porte. Pour le remplacer, les trois hommes embauchent une vieille connaissance de Swindon, Dave Gregory... guitariste de son état ! Lors de l'audition, Colin Moulding, qui avait demandé au guitariste s'il pouvait jouer la chanson 'This Is Pop', avait eu la surprise d'entendre en guise de réponse : "Vous voulez la version studio ou la version single ?''. Recruté sans autre forme de procès, Dave a tout de suite été mis à contribution sur le single pop 'Life Begins At The Hop' avant de participer pendant l'été 1979 à l'enregistrement de "Drums And Wires" en compagnie de Steve Lillywhite (qui avait d'abord cornaqué Ultravox et s'occupera plus tard de quelques albums de U2).

L'absence des claviers (relégués à l'arrière-plan), qui apportaient une plus-value schizoïde à la folie générale, frappe d'emblée. L'ambiance de fête foraine démente est désormais abandonnée au profit de chansons pop sophistiquées. Les guitares prennent l'ascendant mais surtout la force de frappe de Terry Butcher est désormais amplifiée par un effet de réverbération (gated reverb) sur les conseils de l'ingénieur du son Hugh Padgham, ce qui deviendra une signature rythmique du groupe et fera la fortune de son géniteur (il se fera remarquer sur 'In The Air Tonight' de Phil Collins ou encore 'Every Breath You Take' de Police).

Excentricité remisée, mais l'originalité est toujours là. Colin Moulding tire son épingle du jeu en composant et interprétant un titre qui deviendra un tube interplanétaire, 'Making Plans For Nigel' (17ème en Angleterre). Ce morceau de rock nerveux qui annonce la new wave se moque des parents qui veulent enfermer leurs enfants dans des schémas préconçus. 'That Is A Way', une autre de ses compositions, se distingue par ses phases de ralentissement et d'accélérations colorées par des trompettes... mexicaines. Le chant d'Andy Partridge reste toujours très frénétique ('Helicopter', 'Outside World'), preuve que les claviers ne faisaient pas l'identité du groupe. Toutefois, si les compositions s’essoufflent quelque peu sur la deuxième face ('Roads Girdle The Globe' malgré des changements de signature rythmique manque d'épaisseur, 'Scissors Man' tourne en rond) Andy Partridge nous révèle une surprise de taille sur l'ultime morceau, 'Complicated Game'. Construit sur un lent crescendo qui culmine vers l'horreur, le morceau voit Andy Partridge passer de l'autre côté du miroir à coups de solo de guitare rouillée et de notes entêtantes de clavier, optant pour un chant extrêmement dérangeant (et dérangé) qui culmine sur un final où il hurle (ou mâche ?) le mot ''Complicated'' (selon la légende, cette prouesse a été enregistrée en une seule prise). Une perle noire du rock anglais, sans aucun doute.

Malgré le succès de son tube, "Drums And Wires" fera moins bien que son prédécesseur (34ème loin du "In Through The Out Door" de Led Zeppelin). Le groupe a définitivement abandonné son ambiance frappadingue pour des compositions de pop sophistiquée. Malgré ses qualités, cet opus n'est pourtant qu'un album de transition, XTC n'a pas encore la mainmise sur cette pop classieuse dont il sera le digne artisan. Le meilleur est encore à venir.

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