Une bonne trentaine. C’est grosso modo le nombre de sous-genres dans la musique metal. Certes beaucoup sont un peu tirés par les cheveux mais ils permettent au moins de catégoriser les groupes, même si beaucoup d’entre eux refusent les étiquettes. Mais parfois, certains jettent un vrai pavé dans la mare en nous balançant dans les gencives un missile qui envoie valser toutes ces catégories et permet de revenir aux fondamentaux. C’est le cas de Irist avec son premier album, "Order Of The Mind". Oubliez les étiquettes, les adjectifs qualificatifs, les préfixes et les suffixes, "Order Of The Mind" est un album de metal, le vrai, celui qui use les cervicales, hypnotise les foules et décolle les membranes des enceintes.
Irist, c’est l’histoire de deux Sud-Américains émigrés à Atlanta, le guitariste argentin Pablo Davila et le bassiste chilien Bruno Segovia, qui embauchent des musiciens locaux, le guitariste Adam Mitchell et le batteur Jason Belisha, et un chanteur brésilien, Rodrigo Carvalho, pour former le groupe qui est en passe de devenir la révélation metal de l’année. Bien sûr, Irist a des influences, en premier lieu Gojira, Mastodon et Sepultura. Mais ce premier album possède tellement de personnalité qu’il serait très injuste de se contenter de les énumérer.
"Order Of The Mind" contient tous les ingrédients pour permettre aux metalleux confinés de recréer le Hellfest dans leur salon : des riffs dantesques qui mélangent habilement simplicité et technique (‘Severed’, ‘Dead Prayers’), une section rythmique d’une puissance redoutable (‘Creation’, ‘Order Of The Mind’) et un chant crié aussi rageur que désespéré. Et puis il y a cette guitare lead lancinante et aérienne qui irradie tous les morceaux, qui s’insinue entre nos oreilles pour ne plus nous lâcher, qui nous hypnotise en apportant juste ce qu’il faut de légèreté à la lourdeur des riffs (‘Creation’).
Mais le talent d’Irist ne s’arrête pas là. Les titres qui composent "Order Of The Mind" ont beau être courts et denses comme le plomb, la plupart d’entre eux sont parsemés de brefs breaks atmosphériques et mélodiques qui confèrent à la musique des Géorgiens une intensité et une profondeur constantes et de vrais moments de grâce au milieu d’un déluge de noirceur (‘Insurrection’, ‘Harvester’).
"Order Of The Mind" est un premier album puissant, intense et inspiré. Irist nous assène une claque salutaire pour nous extraire de la torpeur d’un confinement anxiogène et s’impose comme la révélation metal de ce début d’année.