Qu’y a-t-il dans le sol de Poitou-Charentes pour faire pousser autant de groupes de rock ? Pendant que les géologues réfléchissent à la question, présentons Wallack, formation poitevine de quatre musiciens qui nous propose son troisième disque "Black Neons".
Mettre les groupes dans des cases est forcément réducteur mais en première approche cela permet de fixer les idées. En critiquer la tendance est légitime bien que ce soient souvent les groupes qui recourent aux classifications. Wallack s’affuble lui-même du genre "desert rock indus", une taxinomie intrigante et très improbable dont on imagine difficilement le résultat. Wallack, tel Janus, va commencer par nous présenter deux visages opposés. Tout d’abord le côté indus très marqué dans ‘All That Ever Been (Part 1)’, ‘Anxiety‘ et ‘Black Neons’ avec une forte densité d’effets électroniques prenant le pas sur des guitares principalement pourvoyeuses d’accords en longues résonances et des chants neutres qui conditionnent un arrière-fond plutôt gothique. Les premières impressions sont déstabilisantes, surtout pour les méfiants à tout ce qui touche aux arrangements synthétiques, mais la mayonnaise prend petit à petit, bien aidée par les ambiances étouffantes et immersives dont les Poitevins se sont faits les orfèvres.
Intercalés entre ces trois pulsations hyper compressées pointent deux formats différents qui se rapportent à la seconde évocation stylistique. Avec leurs guitares cette fois-ci bien mises en avant par le truchement de riffs alternatifs et secs, ‘Century Boy’ et ‘Slaughters’ sentent le rock des chemins caillouteux et le stoner poussiéreux des grandes étendues. On peine un peu à sortir des atmosphères lourdes des titres précédents pour entrer dans tout à fait autre chose mais les rythmes entraînants et l’énergie rock sont des jalons familiers sur lesquels on se raccroche finalement. C’est en fin de partie que Wallack s’amuse à mélanger ces deux aspects et, on doit l’avouer, en maîtrise la périlleuse association dans ‘All That Ever Been (Part 2)’ et surtout le réussi ‘Burnt’.
"Black Neons" est un disque étrange qui laisse quelques impressions réservées, notamment au niveau d’un chant assez monotone, d’une finition mélodique parfois timide et de l’homogénéité de l’ensemble. A côté de cela Wallack parvient à emmener l’auditeur dans ses univers et fait preuve d’une certaine audace à vouloir concilier deux idées a priori incompatibles, et cela se vérifie positivement sur un tiers du disque. Pour ces derniers aspects, et aussi juger de l’évolution sur les autres points, il sera intéressant de suivre le parcours de ce groupe français.