Quand on parle de metal symphonique à chant féminin, la comparaison avec Nightwish vient presque à chaque fois sur le tapis. Et ce n'est pas forcément bon car rares sont les formations qui arrivent à la cheville des Finlandais. Heureusement, tous n'ont pas cette ambition comme Ad Infinitum qui ne boxe en effet pas dans la même catégorie. Leur premier album "Chapter I: Monarchy" est visiblement le premier volet d'une suite dont on ignore encore la profondeur.
Pour autant, le premier album des Suisses ne fait pas que de la figuration dans ce genre si stéréotypé. Leur musique s'articule sur un metal traditionnel fait de rythmiques percutantes, avec assez peu de riffs heavy, mais rehaussé de nombreux claviers et arrangements symphoniques (codes obligent). Sans grande originalité, la musique a toutefois le mérite d'être parfaitement maîtrisée et les compositions intelligentes aux variations d'ambiances et d'arrangements sont suffisamment habiles pour procurer un plaisir d'écoute ('See You In Hell') et ce, tout au long de l'album.
C'est du côté du chant qu'il faut chercher les principaux motifs d'excitation. Certes, la voix de Melissa Bonny (Rage Of Light) n'a rien d'extraordinaire, mais la sublime chanteuse fait le job, et plutôt bien grâce à un timbre d'une douceur des plus plaisantes et un placement impeccable. Le velours de sa voix s'exprime particulièrement sur les passages les plus calmes ('See You In Hell", "Fire And Ice") alors que ses quelques growls rappelant ceux d'Angela Gossow (ex-Arch Enemy), habilement disséminés, accroissent l'intérêt général de l'opus tout en apportant une variété bienvenue. Sa maîtrise mélodique est bien mise en exergue par des refrains efficaces ('Live Before You Die', Marching On Versailles') qu'elle enquille sans sourciller. Efficacité, quand tu nous tiens... !
Pour un premier album, l'effort est à saluer en termes de production, d'interprétation et d'homogénéité, même si les compos manquent un peu de profondeur. Ce premier chapitre en appelle forcément d'autres que l'on attendra avec attention tant la marge de progression du combo semble importante alors même que toutes les bases sont là. Ce "Monarchy" sera apprécié par les amateurs du genre ainsi que par les fans de metal mélodique vers lequel le combo penche nettement. Une production encourageante qui, si elle ne laissera pas une empreinte indélébile, a le mérite de proposer un metal mélodique facile d'accès et réussi. À écouter.