JIMMY BARNES: My Criminal Record (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Si les Etats-Unis ont leur Boss avec Bruce Springsteen, en Australie, le patron s’appelle Jimmy Barnes. En 46 ans de carrière, que cela soit avec Cold Chisel ou en solo, le chanteur a marqué le paysage de son pays et même du continent d’une empreinte indélébile. Au point de laisser sur place Madonna et U2 en termes d’albums classés numéro 1 sur l’île-continent, ceci avec le nouvel opus que nous allons vous présenter et qui est donc le 12ème à se placer sur les sommets des charts australiens. 17ème offrande discographique de l’homme à la voix forgée par le whisky, la cigarette et plusieurs autres substances que nous éviterons de citer dans ces lignes, "My Criminal Record" est le premier depuis bientôt 10 ans ("Rage And Ruin" – 2010) à proposer du matériel composé par son interprète. Il est également à noter que près de la moitié des titres ont été composés en compagnie de son compagnon claviériste au sein du burin froid, Don Walker.

Après une compilation de titres revisités ("30:30 Hindsight" – 2014), un superbe album de reprises de titres soul oubliés ("Soul Searchin’ " – 2016) et un surprenant opus destiné aux enfants ("Och Aye The G’nu" – 2017), Jimmy Barnes revient à ce qui a fait sa réputation et son identité : du bon rock qui sent les pubs enfumés, les routes poussiéreuses et les existences douloureuses des gens de la working-class. Tout comme Bruce Springsteen (dont il reprend ici le ‘Tougher Than The Rest’ avec talent et respect), le natif de Glasgow n’oublie pas d’où il vient et reste fidèle à ses origines col-bleu. Le meilleur exemple en est le single ‘Shutting Down Our Town’ à la mélancolie envoûtante et à la colère sous-jacente, traitant de la fermeture d’une usine et de la mort d’une ville en découlant. La colère justement, explose sur un ‘I’m In A Bad Moon’ bluesy et teigneux ou sur un ‘My Demon (Gold Help Me)’ aux sonorités folk southern et traitant de ses combats contre les addictions. S’il serait inutile de passer en revue chaque titre de cet opus, il est impossible de ne pas insister sur l’authenticité générale et traditionnelle chez le chanteur à la tête de repris de justice.

Au-delà de la voix si particulière de Jimmy Barnes, l’ensemble des 13 titres de cet album (+ 4 bonus sur une Deluxe Edition hautement recommandable) sont cimentés par une identité forte qui permet à l’artiste de rôder au sein de différents paysages musicaux sans que la cohérence de l’ensemble ne puisse être remise en question. Parmi tous ces joyaux, nous citerons un ‘Stolen Car (The Road’s On Fire)’ en deux parties, la première, rock viril aux accents highway-song irradiant une lumière crépusculaire, et la seconde plus root aux guitares tranchantes et au piano bastringue. La cover du ‘Working Class Hero’ de John Lennon reste fidèle à l’original tout en s’enrichissant de l’âme de son nouvel interprète. ‘I Won’t Let You Down’ ou ‘If Time Is On My Side’ représentent la face la plus mélodique et ne sont pas sans rappeler les liens entre Jimmy Barnes, Bruce Springsteen ou Bryan Adams. Quant à ‘Belvedere & Cigarettes’ et ‘Stargazer’, ils offrent des moments de douceur sur lesquels la voix du maître des lieux se gorge de feeling et de délicatesse.

"My Criminal Record" offre une nouvelle fois la preuve du talent d’un Jimmy Barnes qui fait partie des rares artistes ayant atteint le statut de légende de leur vivant. Souvent coléreux, quelquefois mélancolique et toujours authentique, le rock de l’Australien est à la fois puissant et délicat et touche l’auditeur au plus profond de son âme. Si l’artiste ne bénéficie pas de la reconnaissance qu’il mérite en France, il n’est jamais trop tard pour découvrir son œuvre en commençant par ce riche et savoureux opus.

JIMMY BARNES

MY CRIMINAL RECORD

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ROCK