Du stoner corse, qu'est-ce que ça donne ? Eh bien ça donne Alconaut, trio de bûcherons élevés au (bon) grain américain. Qu'ils citent aussi bien The Sword que Fu Manchu ou High On Fire démontre que ce sont des hommes de goût. Ce que nous avions déjà deviné en promenant nos mirettes dans le livret aux chouettes illustrations qui habille "Sand Turns To Tide", leur première enclume.
Georges Agostini (guitare, chant et harmonica), Kevin Albertini (basse) et Antoine-Joseph Marini (batterie) ont clairement le rock chevillé au corps, un rock non seulement avec un grand R mais surtout celui qui sent sous les bras et exhale une haleine de coyote. Avec en sus cette grosse patte caillouteuse qui creuse dans leurs compos trapues d'épais sillons au fond desquels est charrié un flot mazouté. C'est nerveux, gonflé d'une semence brûlante et donne furieusement envie de taper du pied ou d'avaler les kilomètres à bord d'une mécanique tranquille et pétaradante.
Bourru et sale comme un vieux Motörhead, le stoner que forgent ces trois gaillards originaires de Bastia galope en remuant du bassin ('Wizard Of Sound' et ses morsures presque thrash, 'Space Controller'), se pare d'oripeaux psyché ('Dune Crusher') mais abat avant tout le petit bois ('Goliath's Son' que sabrent des notes d'harmonica, 'Mudslinger' et ses lourdes crevasses ). Ce qui ne l'empêche ni de poser ses tiagues du côtés des Bayou ('Old Man') ni de convoquer le fantôme acoustique de Led Zep le temps de deux courtes pistes instrumentales osseuses du plus bel effet, le prologue 'Cie_750' et 'Escape Velocity'.
Les esprits jamais contents regretteront sans doute le chant trop uniforme de Georges et une prise de son un peu rêche mais outre le fait que cela lui confère un cachet authentique et dépouillé, cette rugosité enracine "Sand Turns To Tide" dans la géographie rocailleuse qui l'a vu naître.
Fort de ce premier jet revigorant, Alconaut est un nom à suivre dans la galaxie du stoner et du desert rock. Il ne manque ni de personnalité ni d'idées, bourré jusqu'à la gueule d'une énergie solaire et poussiéreuse qu'on imagine prendre toute sa mesure sur une scène surchauffée.