KHYMERA: Master Of Illusions (A.O.R.) : avis / chronique à lire sur Music Waves

L’existence de Khymera est loin d’être un long fleuve tranquille. Au-delà des multiples changements de line-up de la formation originellement construite autour de Daniele Liverani et Steve Walsh (Kansas), on ne peut pas dire que ce qui est désormais le groupe de Dennis Ward (Magnum, Pink Cream 69, Unisonic, Place Vendome,…) enchaîne les productions discographiques à un rythme stakhanoviste. Cinq ans après "The Grand Design" (2015), le nouveau venu offre pourtant une agréable surprise avec un seul changement, Pete Newdeck (Midnite City) remplaçant Felix Bohnke (Edguy) à la batterie. Voilà une quasi-stabilité inédite et rassurante au moment de découvrir ce "Master Of Illusions" à la pochette resplendissante.

Et effectivement, si l’album précédent nous avait laissé une très bonne impression, le petit nouveau se révèle très largement à sa hauteur, franchissant même un palier supplémentaire car le chant de Dennis Ward s’y affirme avec classe. Chaud et légèrement éraillé, il n’est pas sans rappeler celui de Joe Elliott (Def Leppard). La formation de Sheffield n’est d’ailleurs pas loin quand le tempo se ralentit, que cela soit sur un ‘Paradise’ au mid-tempo typique ou sur la poignante ballade ‘Father To A Son’ dont le chant gorgé d’émotion sublime la mélancolie du thème abordé, à savoir les paroles d’un père à son fils sur son lit de mort. Mâtiné de claviers aux sonorités scandinaves, le titre éponyme n’est pas non plus très éloigné de l’univers des Léopards Sourds avec son refrain accrocheur, ses couplets mélodiques et son joli solo.

Naviguant entre un AOR parfois musclé (‘Walk Away’, ‘Victim Of Your Love’), parfois plus Wescoast (‘After All This Time’, coécrit avec Michael Palace), et un hard rock mélodique bien nommé (‘The Sun Goes Down’, ‘Follow The Sun’), le reste de cet opus bénéficie toujours de refrains tenaces et d’une interprétation sans faille. Dennis Ward n’hésite pas à se livrer sur des paroles plus personnelles qui traduisent un état d’esprit positif. ‘The Rhythm Of My Life’ en est euphorisant avec toujours un sens du refrain imparable, alors que ‘Just Let It Happen’ se fait plus aérien avec des claviers aux sonorités dignes d’Asia, tout en restant optimiste et envoûtant.

Avec "Master Of Illusions", Dennis Ward frappe un grand coup et place Khymera sur les sommets de l’AOR/hard mélodique. Le chanteur semble avoir trouvé sa voix et la voie pour sa formation avec une identité marquée par les 80’s mais ancrée dans son époque, trouvant sa place entre les pointures scandinaves du genre et les légendes US, tout en gardant une pointe d’identité germanique qui n’est parfois pas sans rappeler Frontline. Une réussite qui en fait espérer d’autres dans des délais si possible plus courts.

KHYMERA

MASTER OF ILLUSIONS

FRONTIERS RECORDS

A.O.R.