GOTTHARD: #13 (HARD ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Nous avons quitté Gotthard, il y a déjà trois ans, avec un "Silver" ayant laissé aux amateurs de la trilogie "Lipservice"/"Domino's Effect"/"Need To Believe" des souvenirs mitigés. Les Suisses y avaient en effet poursuivi leurs intentions de s'éloigner du hard rock (très) mélodique qui avait fait leur succès, tout en manquant de mordant, tant au niveau des compositions que de la production. Et voici que surgit en cette année 2020 le treizième album des Helvètes. Il a pour nom "#13" et il comporte treize titres.

Question personnel de bord, un batteur chasse l'autre. Hana Habbeger fait une pause pouponnage, il est remplacé par le batteur de CoreLeoni - le projet solo du guitariste de... Gotthard. On reste en famille donc. Question pochette, c'est flatline, toujours autant d'application dans le mauvais goût. Il faut certes veiller à maintenir en vie les traditions, mais franchement, un combat de vaches valaisannes... Mais qu'importe le contenant, quel est le contenu de ce "#13" ? Question style il est dans la continuité de "Silver". Désolé les adorateurs des années 2005-2009, mais cette nouvelle offrande est autant un album de hard rock qu'un opus de hard rock mélodique.

Les titres de cette œuvre peuvent être rangés dans trois boîtes. Les étiquettes pour les distinguer mentionneront soit hard & heavy, soit mid-tempo (avec ou sans blues touch), soit ballade. L'album démarre avec deux morceaux bien rentre-dedans et une incongruité. Commençons par 'Bad News' qui pourrait être taxé de Foreigner heavy et qui développe une mélodie peu convaincante, et 'Every Time I Die', plus speed, qui redonne un peu le sourire aux amateurs de mélodies easy listening et aux férus de guitares qui décoiffent. Vous croiserez ensuite Aerosmith, le Def Lep de "Slang" et Thunder (mais pas Gotthard) sur le single aux touches orientales "Missteria" qui en surprendra plus d'un, et pas forcément en bien. Par la suite, le mid-tempo '10.000 Faces' ne vous réconciliera pas avec les mélodies addictives, les six-cordes martèlent, mais l'air-micro reste au clou. Quant à la première ballade elle vous laissera sur votre séant - en effet, il vaut mieux être assis pour écouter le 'S.O.S.' d'ABBA revu en version moins rapide que l'originale. Déconcertant.

Puis le miracle survient avec l'arrivée de plusieurs titres dans le style des morceaux réussis d'antan. 'Another Last Time' est un mid-tempo mélancolique un brin bluesy doté d'une mélodie enfin prenante. 'Better Than Love' constitue un hit potentiel digne des magnificences radio friendly du passé, tout comme 'Save The Date' et ses guitares à la Thin Lizzy. La tendance positive se poursuit avec l'émouvante ballade 'Marry You' où Springsteen n'est pas loin, 'Man On A Mission', soft rock bluesy attachant, et 'No Time To Cry' tout en puissance mélodique et doté d'une accélération fracassante. La suite est tout aussi réjouissante grâce à 'I Can Say I'm Sorry', troisième ballade, plus électrique cette fois, gorgée de chœurs mêlés d'interventions de bon aloi de Leoni. Dommage que l'album s'achève sur un 'Rescue Me' électro-acoustique psychédélique qui laisse de marbre.

Curieux opus que ce "#13" qui souffle le froid puis le chaud dans (quasiment) deux parties distinctes. Voilà qui rend l'écoute de cette nouvelle livraison des Suisses à la fois indispensable et chagrinante. Néanmoins, ne boudez pas votre plaisir, la seconde partie de l'œuvre est vraiment plaisante. Quant aux titres jugés ici les moins marquants, ils pourraient retenir toutefois votre attention, même de manière passagère.

GOTTHARD

#13

NUCLEAR BLAST

HARD ROCK