Pour ceux qui ne connaissent pas The Mars Volta (y en a-t-il ???), rappelons que c’est un groupe formé par des rescapés d’une précédente formation dénommée At The Drive In. Le Compositeur, guitariste et leader Omar Rodriguez-Lopez et le chanteur et auteur Cedric Bixler-Zavalar composent les deux cerveaux pensants de cette entité. Ils sont entourés de Jon Theodore aux fûts, Juan Alderete-De la Peña à la basse, Marcel Rodriguez-Lopez aux percussions et Adrian Terrazas-Gonzalez, multi-instrumentiste (ça en fait des patronymes tout ça…). Le line-up varie légèrement au moment de la tournée : celle-ci se faisant actuellement en Amérique du nord aux côté des Red Hot Chili Peppers.
« Amputechture » est ainsi le troisième album de The Mars Volta. Alors que les deux premiers albums formaient chacun une unité narrative autour d’un concept, ce dernier album s’en éloigne car il n’a pas été construit autour d’une histoire unique. Cependant, les textes s’articulent volontiers autour du thème du fonctionnement des religions, vectrices de violences et génératrices de conflits depuis toujours et aujourd’hui encore…
Le style de The Mars Volta est vraiment particulier et singulier… C’est une musique progressive de part la grande variété des mélanges qu’elle intègre, ses arrangements et ses structures… Mais c’est surtout un côté expérimental qui ressort, une coloration très atypique qui rend difficile la comparaison avec d’autres groupes. En effet, l’identité et la signature stylistique de ce groupe sont très fortes. Quand on connaît, on reconnaît le style à la première écoute. Cette identité est également portée par le chant très particulier qui monte souvent haut dans les aigues.
D’un point de vue général, The Mars Volta se caractérise donc par cette facette expérimentale, de long passages psychédéliques (un peu long sur cet album, notamment en début et en fin d’album), des effets sonores à la pelle, un jeu de guitare bien maîtrisé mais toujours un peu sur la brèche, en déséquilibre… Sans être technique, ce jeu se base énormément sur les dissonances et un phrasé légèrement alambiqué. La voix est aussi très particulière avec de nombreuses parties doublées en voix de tête (qui font d’ailleurs agréablement penser aux Bee-Gees par moment).
En ce qui concerne le côté psyché de leur musique, il est à parier que dans le budget de production de cette œuvre, il y a forcément un poste dédié à l’achat de substances chimiques permettant d’avoir accès à d’autres univers artificiels… A moins qu’ils ne soient tombés dans une marmite entière de préparation douteuse étant petits…
Une autre particularité du groupe est la présence de passages latins vraiment excellents avec des ambiances pleines de feeling et des textes en espagnol très inspirés et plutôt mélancoliques. Il en découle une couleur très spéciale et originale… Cette manière de chanter, latine, implique en effet un phrasé, une rythmique et des lignes mélodiques très typées : tout cela déteint également quand le chant est en anglais.
La production est très bonne et les orchestrations sont très riches avec la présence de nombreuses sections de cuivres et de percussions. On sent, tout au long de l’album, une grande liberté créatrice : L’essence même du mouvement progressif, livrée ici sous une forme assez avant-gardiste… Des titres longs remplissant largement la capacité technique d’un CD puisque la durée totale est de 75 minutes (qu’il faudra toutefois écouter plusieurs fois avant d’en apprécier la réelle teneur mélodique)… Attestant ainsi d’une sérieuse envie de s’exprimer !!!
Tentons de passer en revue l’ensemble des morceaux en ne retenant que les principales caractéristiques de chacun car il serait difficile et réducteur de résumer ces titres relativement riches. On notera donc :
- « Vicarious Atonement » avec ses longueurs très psychés au début et l’utilisation de nombreux effets pour la création d’ambiances...
- « Tetragrammaton » avec ses guitares dissonantes et ses riffs tranchants sur fond de tambours battants, ainsi que ses passages vocaux rappelant les Bee-Gees…
- « Vermicide » et ses accents jazzy au départ virant au rapidement au rock avec des vocaux très expressifs et un refrain entêtant…
- « Meccamputechture » avec ses chœurs et ses sections cuivres très en avant, ainsi que ses nappes superposées de guitares psychés et dissonantes sur fond de basse groovy et ronde…
- « Asilos Magdalena » : pièce magnifique, chantée en espagnol, avec ses airs de western et de guitare espagnole jouée dans une cours d’hacienda mexicaine… Le chant y est très mélancolique, sous forme de complainte… Magnifique !!!
- « Viscera Eyes » avec son démarrage hyper groovy aux accents funkys (section cuivre et petite cocotte) faisant penser aux génériques de séries télé policières afroaméricaines des années 70 (on ferme les yeux et on s’imagine que Huggy les bons tuyaux va faire son entrée en plein milieu du morceau juste avant que le capitaine Dobey vous hurle « Zebra3 » dans la CB).
- « Day Of Baphomets » avec son ouverture par un long solo de basse sur fond de percus, ouvrant sur des rythmiques typiques de The Mars Volta, juste avant que le morceau prenne une orientation différente vers son milieu, avec notamment le passage très remarquable et surprenant de percussions endiablées… Vraiment excellent !!!
- « El Ciervo Vulnerado » : morceau très psyché, un peu mou et long… Dommage de finir sur cette note plutôt molasse. Un final plus énergique aurait été plus apprécié, en tout cas pour ma part…
Au final, pour ceux qui connaissent les deux premiers albums, il n’y a donc pas de surprise : on est sur la continuité et l'on retrouve tout les éléments qui font la spécificité de ce groupe
Certains pourront leur reprocher de toujours faire la même chose… Ce n’est quand même pas tous les jours que l’on « invente » un style !!! Peu de groupes peuvent se targuer de proposer une telle richesse et une telle créativité… The Mars Volta reste ainsi fidèle à son style qu’il peaufine de plus en plus… Ceux qui aiment, aimeront encore, ceux qui n’aiment pas, n’aimeront toujours pas. Quant à ceux qui ne connaissent pas, ils doivent absolument découvrir ce groupe très intéressant, à plus d’un titre…