FUGHU: Lost Connection (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Il aura fallu attendre près de sept ans pour que les Argentins de Fughu accouchent d'un successeur à "Human : The Facts". Le double concept album du quintet de rock/metal progressif originaire de Buenos Aires avait en effet interpellé la rédaction de Music Waves par son originalité, nous poussant à scruter ce "Lost Connection" de 2020 avec attention.

S'appuyant une nouvelle fois sur une production impeccable et un mixage de grande qualité, l'album démarre sur les mêmes bases que son prédécesseur dans un style rock progressif polymorphe fait de contractions torturées et axé sur une conception narrative forte. Les Argentins racontent leur musique et l'histoire est le fil conducteur qui oriente la structure mélodique des différents titres. Le chant parfois un peu surjoué de Santiago Burgi a nettement progressé et l'expressivité est désormais au service de la musique, même si subsistent quelques manières rappelant les travaux de rock opéra d'un Paolo Vallerga et une certaine théâtralité pas toujours déplaisante, sur 'iCall Now' notamment.

Fughu a considérablement varié son propos, toujours au service de l'intrigue. 'Stay' par exemple avec son rythme lent, son piano omniprésent, ses ambiances hispanisantes et son chant tout en émotion constitue l'un des passages les plus mélodiques sur fond de jazz rock léger avec une absence totale de riff. Le contre-pied est marquant avec 'Told You', mid tempo inquiétant qui après un riff sombre s'envole dans des développements ténébreux sur un chant toujours aussi expressif. La fin de l'album est plus calme et introspective avec un atmosphérique 'Martian', un 'What If' qui présente tous les ingrédients d'un rock prog très créatif mais qui semble parfois partir un peu dans tous les sens. Le solo final, aérien et touchant de beauté, donne tout de même une assise solide à l'ensemble et un très mélodique final avec 'Vexed Flower' qui conclut l'album en douceur.

Les Argentins n'ont pas complètement gommé les défauts déjà présents par le passé comme un chant trop théâtral et un éparpillement dû à la foison d'idées à la minute que Fughu a parfois du mal à canaliser. Il en résulte une impression de patchwork désordonné et il devient difficile de s'y retrouver. Mais la structure complexe de l'album est contrebalancée par une exécution impeccable par des musiciens accomplis (mention spéciale aux soli d'Ariel Bellizio) et une écriture riche d'arrangements tous plus intéressants les uns que les autres. Il faudra de nombreuses écoutes pour en apprécier tous les rouages. Mais une fois assimilé, l'exercice paraîtra magnifique dans son ensemble. Reste à gommer les quelques défauts pour que les Argentins franchissent un cap, et ils en ont clairement les moyens.

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