Créé en 2010 par Filippos Gougoumis, dont le nom trahit sans difficulté les origines grecques, The Oneira s'est étoffé au fil des ans de musiciens qui ont tous vu le jour dans la botte italienne. Mais, même si son effectif est aux trois quarts italien et que le groupe dit évoluer dans un univers progressif, il ne faut pas s'attendre à ce que "Injection", troisième album de The Oneira, revête les couleurs d'un RPI grand teint.
Si le groupe se revendique d'influences comme Genesis ou Yes, il cite aussi des sources d'inspiration plus musclées comme Saga et Rush, mais aussi Styx, Journey pour en arriver à Def Leppard et Dream Theater. Et l'étiquette "rock progressif" qui semble collée au groupe peut laisser perplexe à l'écoute d'un album qui oscille plutôt entre rock musclé, AOR typé 80's ('Still Free to Choose', 'Make my Day' à mi-chemin entre Asia, Toto et Chicago (sans les cuivres)) et metal progressif soft ('Know That Feeling', 'Trust No One', 'Over the Mountain').
Dire que les musiciens ne rechignent pas à la besogne tient de la litote tant tout est joué avec vigueur et vélocité. Si les solos sont courts, ils sont fréquents : guitares (qui se taillent la part du lion) et claviers s'affrontent régulièrement dans des joutes enlevées où le gagnant semble devoir être celui qui atteindra le taux le plus élevé de décibels. Ajoutez à cela un batteur venu du heavy metal et qui le prouve par un jeu aussi présent que puissant et une basse ronflante qui ne fait pas de la figuration et vous comprendrez que les amateurs de gros son pourront trouver ici de quoi les contenter. Pour ne pas être en reste, le chanteur s'exprime le plus souvent "pleins poumons" de façon convaincante, ayant le coffre pour assurer une prestation crédible, la puissance étant privilégiée à la sensibilité.
Le côté tutti un peu systématique (les apartés comme celui du piano sur 'Behind the Sun' sont rares) fatiguera les auditeurs pour qui la débauche de décibels n'est pas synonyme de qualité. Déçus aussi seront les amateurs puristes de rock progressif car les compositions ne sont ni alambiquées, ni audacieuses. Excepté 'Over the Mountain' qui a le bon goût de sortir des sentiers balisés, la plupart des titres se résument à un format couplet/refrain très classique, certes moins linéaire que celui que l'on rencontre couramment dans du classic rock ou du hard rock, mais à des années-lumière des développements inspirés d'un Yes ou d'un Genesis de la belle époque.
"Injection" est un album sur lequel The Oneira fait preuve d'une belle vitalité à défaut d'originalité et de nuances. Le jeu nerveux des musiciens séduira plus facilement les férus d'AOR et de metal que les purs adeptes de rock progressif.