"Who Are The Girls ?" Nées à l’aube de l’an 2000, Amy Love (chant, guitare) et Georgia South (basse) sont des filles d’aujourd’hui, engagées, en quête de reconnaissance et prêtes à bouffer la vie avant que la vie ne les rattrape. Des filles du XXIème siècle qui ressemblent comme deux gouttes d’eau aux filles du XXème. A ceci près qu’elles sont des enfants d’internet, qu’elles sont accros à Youtube et à Instagram et que ces nouveaux médias leur ont permis d’emmagasiner une somme énorme d’influences musicales en très peu de temps.
Ces influences, les deux Londoniennes en ont fait une force, presque un étendard, un ‘Vortex’ musical comme le souligne si bien le premier titre de ce premier album qui renferme à lui seul toute la fougue et la rage décalée de la jeunesse d’aujourd’hui. Une jeunesse à mille lieux du "No Future" et du "Peace And Love" de ses aînés. Une jeunesse qui a compris très tôt que la musique était aussi une affaire de marketing et qu’un look badass était plus efficace qu’un accord septième.
Mais il n’y a pour autant aucun cynisme chez les Nova Twins, juste une parfaite maîtrise de leur image et une démarche très moderne d’influenceuses 2.0, jusqu’à confectionner elles-mêmes leurs tenues de scène - car le duo a parfaitement compris que c’est sur scène qu’elles feront la différence. D’ailleurs Tom Morello ne s’y est pas trompé et leur a permis d’assurer la première partie de Prophets Of Rage l’an dernier. Un joli coup de pouce de la part du guitariste qui est l’influence majeure d’Amy Love, à l’image de l’utilisation surabondante des effets whammy sur pratiquement tous les morceaux de "Who Are The Girls ?".
D’ailleurs tout l’album regorge d’effets en tout genre, qui colorent les dissonances de la guitare, le son fuzz garage de la basse et les chants saturés ou rappés (‘Play Fair’, ‘Devil’s Face’, ‘Athena’), quitte à noyer l’auditeur sous une avalanche d’informations qui masquent difficilement la difficulté de retranscrire en studio des compositions taillées pour le live. Qu’importe, la vérité de la musique de Nova Twins est ailleurs et réside dans une fusion décalée entre le rap underground londonien, le grime bruitiste, le punk, le rock indus (‘Undertaker’), l’electro (‘Taxi’) et toutes les combinaisons possibles qui peuvent résulter des emprunts à Rage Against The Machine (‘Vortex’) et The Prodigy aussi bien qu’au R’n’B (‘Bullet’).
Qu’on ne s’y trompe pas, la fusion musicale de Nova Twins n’a rien de révolutionnaire. Mais l’intérêt de "Who Are The Girls ?" réside dans sa fraîcheur et sa spontanéité, dans cette fougue de la jeunesse qui ose encore brandir des instruments en bois pour montrer au monde qu’elle existe et qu’elle a des choses à dire. "Who Are The Girls ?" Juste des filles de leur époque dont la première liberté est d’inviter ceux qui ne les aiment pas à aller se faire voir.