A l'instar de Kadavar avec lequel il devait tourner en mars dernier, Howard a retenu la forme du power-trio comme fondation d'un rock garanti 100% vintage. Crinière de feu, armé de sa guitare ruisselant de fuzz et de sa voix chaude, JM Canoville a tout du frontman qui électrise l'assistance. Le groove chevillé aux baguettes, Tony Karren frappe comme une mule, un peu à la manière de Tiger, son aîné Allemand. Quant à Raphaël Jeandenand, il ouvre les vannes d'un orgue Hammond biberonné aux Jon Lord et autres John Paul Johns.
Si elle ne manquera pas de procurer quelques frissons à une poignée de bobos et autres lecteurs des Inrocks, la triplette mérite amplement d'être découverte par les amoureux de gros son et les fumeurs de stoner. Après une première ration aussi maigre en titres que prometteuse en sensations fuzzy, "Obstacle" déboule pour ramoner les cages à miel. Et qu'est-ce que ça fait du bien, la vache ! Point de longs discours ni de vains préliminaires chez ces Parisiens, juste un concentré de pur rock'n' roll qui sent sous les bras, celui qui vous file la trique des grands jours grâce à cette rondelle taillée pour le vinyle avec ses sept pistes qui s'enchaînent à un rythme endiablé.
Les mecs ont tout compris, alliant sève contagieuse et ambiances veloutées, le tout enrobé de cette patine typiquement seventies sans pour autant exhaler l'encaustique. Direct et moelleux, lourd et humide à la fois, 'Quicktime' amorce l'écoute de la plus belle des façons. En moins de cinq minutes, le trio réussit déjà à nous mettre dans sa poche, trouvant le juste milieu entre puissance de feu et tempo chaloupé.
S'ils donnent l'impression de types qui viennent juste de se pointer pour brancher leurs instruments avant de balancer la sauce, on devine derrière le son authentique et une énergie remuante aux allures de rampe de lancement pour des jams furieuses un beau travail d'écriture et un sens du détail indéniable. Ce que confirme rapidement 'God Is Dead' et son orgie de claviers en guise d'intro et les volutes soyeuses qui drapent le chant aussi suave que féroce de JM Canoville. Du haut de ses plus de six minutes au garrot, le terminal 'Features' témoigne également d'une composition charpentée et pleine de déliés. Avec une classe effrontée et un talent tranquille, le trio alterne les bûches heavy ('Void') ou plus onctueuses tel 'The Path' où un orgue échappé d'un vieux Purple répond à une rythmique appuyée. Le tout trempe dans un feeling qu'on boit comme un nectar sensuel à l'image d'un 'Gone' fiévreux et sauvage.
Howard, c'est chaud, c'est surtout (très) bon, voire excellent, artisan d'un rock vieilli dans un fût de chêne et pourtant gorgé d'une folle vitalité. Galette dont il faut se délecter d'urgence, "Obstacle" n'en sera pas un pour ce groupe auquel un avenir radieux est assurément promis.