Le surfer en manque d’ambiances déjantées pourra jeter un œil amusé sur le site du groupe français Sebkha Chott. Tout y est furieusement décalé, la description foutraque du monde itinérant d’Ohreland dans lequel le groupe évolue (la cinquième dimension ?) , le nom improbable des artistes (voir ci-dessous) pratiquant de leur propre aveu le Mekanik Metal Disco (ça ou le Flamenco-pop, remarquez ...), un “ensemble de musiques catégorielles s’auto-chiant les unes sur les autres”.
Fini de rire : “Nagah Mahdi - opuscrit en 48 rouleaux” est le deuxième album de ces furieux, et tout y est fait pour déstabiliser l’auditeur. La référence la moins éloignée qui vient à l’esprit est Zappa, ou Mr Bungle, mais la musique est ici encore plus destructurée que celle des Californiens. Quittez vos repères, on mélange ici allègrement, dans des pièces liées mais généralement très courtes (5 à 165 secondes !) l’électronique, le métal, le reggae, le trash, les rythmes latino, le ska, le style jazz Big Band ou free-jazz, on y chante - pas toujours intelligiblement - en anglais ou en français, sur des textes plus ou moins politiquement corrects, et le seul “morceau” long nous inflige 12 minutes de sons atonaux (ni mélodie, ni rythme continus).
Bon. Tout ça est très bien exécuté, bourré d’imagination et remarquablement produit, reste à savoir si ça peut plaire. Et le chroniqueur est ici totalement livré à sa subjectivité et parle donc à la première personne : je n’ai absolument pas été embarqué dans cet univers. Soit c’est du foutage de gueule (mais de qualité), ce que Sebka Chott semble parfaitement être en mesure d’assumer, soit l’auditeur que je suis n’est absolument pas prêt à recevoir ce genre de construction. Ceci dit, les amateurs extatiques d’art moderne ou les anticonformistes hallucinés y trouveront peut-être leur compte : à vos risques et périls ...