Finalement, Łukasz Gall a repris le micro au sein de Millenium. Il aura quitté son poste sur un seul album d’une carrière particulièrement dense pour le groupe (treize albums en 18 ans), une carrière qui a installé Millenium comme l’un des fers de lance de l’école progressive polonaise (versant Collage, Satellite, Moonrise).
Et de cette école, Millenium a gardé les codes : "The Web" reste confortablement dans un style typiquement polonais, un néo-prog aux guitares floydiennes et aux synthés moelleux, extrêmement mélodique donc facile à aborder. Aucune surprise à attendre dans cette nouvelle production qui se cantonne à ce qu’elle sait faire. Les claviers forment le socle du son Millenium, ouatés, livrant quelques interventions solistes douillettes (joli passage aérien dans le style de Rick Wright sur 'The Lonely Ship') et permettant de belles ouvertures guitaristiques : les passages planants inquiétants avec la guitare en vedette sont les plus réussis ('Loser', 'In the Ocean of the Night' - difficile de rester insensible -, l’entame de la troisième partie de 'The Web' qui sonne particulièrement bien).
Les titres ont les qualités et les défauts du néo prog : mélodies gentillettes, qualité des arrangements et prééminence des développements instrumentaux, beaucoup plus intéressants que les parties vocales, qui bien qu’impeccablement chantées par Łukasz Gall apparaissent plus communes, dans un registre quasiment pop. Globalement, l’album est un peu trop sage pour être définitivement accrocheur, les titres suivant un schéma interchangeable (deux couplets-refrains, une section instrumentale livrant le plus souvent une intervention du clavier qui passe le relais à la guitare - surprise, c’est l’inverse dans 'Someone's Feet Will Cover the Traces' !). Un mot du beau travail de Krzysztof Wyrwa à la basse, inventive et parfois groovy ('The Lonely Ship').
"The Web" est typiquement l’album de néo-prog pas effarouchant qui peut être mis dans toutes les mains (ou entre toutes les oreilles) : pas une faute de goût ! C’est aussi typiquement l’album un peu trop bien encadré qui laissera les amateurs d’originalité sur le bas-côté…