Los Ojos Carnivoros est l'un des nombreux projets de Fabien-Guy qui lui permettent d'exprimer une créativité qui ne semble atteindre aucune limite. Aurions-nous trouvé le Steven Wilson français ? Chacune de ses œuvres épouse une des facettes de l'artiste : Liqueur Brune s'incarne dans un rock indé, progressif et poétique, Courroux par son ambiance cold wave avait convaincu une partie de la rédaction... voici Los Ojos Carnivoros.
Comme son nom l'indique, "EP 02" n'est pas le premier EP sorti par Fabien-Guy sous ce nom. Un premier réalisé en 2018 a posé les bases et exploré des fondations à l'orientation plus chaleureuse, plus funky. Ainsi, Los Ojos Carnivoros se présente comme une sorte d'exutoire dans lequel l'artiste s'amuse et présente sa face la plus lumineuse. Toutefois, qui dit aborder la musique sous cet angle ne signifie pas le faire avec absence de sérieux car sous cette vitrine humoristique (cf. le nom des morceaux), Fabien-Guy perpétue son savoir-faire.
"L'EP 02" instrumental chemine sur quatre titres dont une courte introduction qui sert de base au titre 'Los Ojos Carnivoros' (son extension) qui frise les six minutes au compteur. Auparavant, l'acoustique bien (ou mal) nommé 'Acustica Non Grata' apporte un vent de fraîcheur, une bourrasque de mistral par son accueil soufflé à la guitare sèche rapide, épileptique qui émaille l'ensemble du morceau, servant de passage de témoin à plusieurs mouvements et changements d'ambiance très bien posés. Ce titre quasi progressif dans le sens de posséder de nombreux breaks de structure alterne des passages furieux puis atmosphériques.
Le titre éponyme se calque sur la même colonne aux nombreuses vertèbres comme autant de styles abordés. Plus électrique, Fabien-Guy apporte plus de densité en multipliant les pistes parmi lesquelles la basse se taille la part du lion. Le point de départ est constitué d'une boucle rythmique où viennent se greffer les passages mélodiques d'abord presque enfantins pour évoluer vers des lignes plus dures puis très atmosphérique et éthérées sur une base bien funky qui aurait peut-être mérité un peu plus de développement. L'EP hélas bien trop court se termine sur 'Donna se meurt' très rythmé, au développement mélodique moindre, donnant le sentiment d'être un peu plus sombre (en même temps il aborde la mort). Les percussions qui parsèment le titre atténuent toutefois ce sentiment.
La pochette représente Ganesh, le Dieu Hindou de la sagesse, de l'éducation, celui qui est certainement le plus célébré car il permet de surmonter les obstacles. Pourvu qu'il soit pour Los Ojos Carnivoros mais au-delà pour Fabien-Guy le symbole d'une mise en lumière lui apportant le début d'une reconnaissance méritée.