Ressortez vos disquettes et vos vieilles consoles qui prennent la poussière dans la cave, Master Boot Record est (déjà) de retour ! Depuis 2016, ce n'est pas moins d'une dizaine d'albums (EPs compris) que l'Italien Victor Love a fabriqués avec une frénésie diarrhéique tout seul dans sa chambre. Ce Romain est-il vraiment un être humain ? Où trouve-t-il le temps de manger, de dormir ? Va-t-il même au petit coin ?
Les mauvaises langues argueront que de toute façon le genre qu'il lutine, une sorte de chiptune testiculeuse, ne nécessite ni talent ni beaucoup de travail. Suffit de laisser l'ordinateur bosser. Victor Love lui-même s'amuse à affirmer que toute sa musique est créée informatiquement comme si sa machine était dotée d'une vie propre. Pourtant, il n'est pas interdit de goûter à cette synthwave testostéronée qui détruit tout sur son passage. Master Boot Record a quelque chose d'un voyage musical dans les entrailles d'un Atari 520. Il en découle une partition qui semble tout droit s'être échappée d'un jeu vidéo des années 80 façon Tetris, boosté par un gros son gonflé aux OGM. "Floppy Disc Overdrive" est une bonne porte d'entrée à cet univers de carte mémoire et de circuits imprimés.
Enrobé comme ses prédécesseurs d'une couche néo-classique ('EDIT.COM'), ce septième album longue durée est propulsé par une énergie ravageuse digne d'un rouleau-compresseur ('DBL SPACE.EXE'), drainant des mélodies furieusement métalliques qui nous infectent comme un virus informatique. Son disque dur est bourré jusqu'à la gueule (plus de 68 minutes) et de ce fait un peu lassant sur la durée. L'ensemble aurait mérité d'être châtré par quelques coups de ciseaux mais force est de reconnaître que des pistes telles que 'EMM386.EXE' ou bien 'AN SI.SYS', pour n'en citer que deux au milieu de ce déluge de sonorités synthétiques, se révèlent tout simplement irrésistibles, procurant une sorte de plaisir coupable en même temps qu'une pêche d'enfer. Intégralement instrumental, "Floppy Disc Overdrive" saura séduire les fans de Carpenter Brut et autre Perturbator en ce sens qu'il hybride metal et synthwave avec une même puissance, lourde et communicative.
Anachronique sans aucun doute, Master Boot Record vibre néanmoins d'une espèce de folie couplée à une démesure endiablée dans sa quête du son informatisé. Son logiciel chargé de mélodies furieuses, "Floppy Disc Overdrive" est une expérience à vivre à laquelle il n'est pas impossible que vous succombiez, emportés par ce torrent de musique synthétisée faussement désuète.