Abysmal Dawn, né aux Etats-Unis au début du vingt-et-unième siècle, construit une musique sombre et technique dans la lignée de Gorod ou Obscura, marquée par un univers visuel de science-fiction oppressante. L’album précédent (“Obsolescence”) avait connu un bon accueil, certains louant sa constance, sa puissance, sa violence, et même sa subtilité. Le nouvel album (“Phylogenesis”) poursuit dans cette veine, même si Scott Fuller (batterie) et Andy Nelson (guitare et chant) ont laissé leur place à James Coppolino et Vito Petroni.
La formation étale une variété rythmique entre linéarité, coups syncopés
ou riffs qui explosent telle une sainte grenade. ‘Coerced Evolution’
offre des passages techniques et des mélodies douces telles les caresses
d'un soleil de printemps. ‘Soul-Sick Nation’ navigue à la limite du
prog avec ses évolutions multiples et ses passages variés. 'A Speck In The Fabric Of Eternity’ navigue entre violence brute, dissonances troublantes et textures venues d’ailleurs. Morbid Angel inspire ces musiciens usant d’harmonies pleines d'une suffocante angoisse. La violence constante enveloppe les oreilles avec des murs de guitare et une batterie trépidante (‘Mundane Existence’). ‘True To The Blind’ se repose sur des rythmes rapides alors que la six-cordes est harmonisée comme chez Iron Maiden. Cet élément allège la piste, entre lumière mélodique et furie ostentatoire. ‘The Lament Configuration’ est proche de Benediction ou Dismember, son tapping et ses vibratos déstructurés rappellent aussi Malevolent Creation.
“Phylogenesis” est un album plein de classe, parfois classique, mais toujours bourré d’énergie. Aux portes du death progressif, les musiciens affichent une grande maîtrise et une rage animée d'un sursaut vital. Certes Abysmal Dawn n’est pas un extra-terrestre, mais il se repose sur les grand anciens (Obscura, Nercophagist) pour proposer une météorite glacée et volatile dont la musique est née de la tourmente.