ROYAL HUNT: Paper Blood (METAL PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Deux ans après un "Eye Witness" fort applaudi, Royal Hunt propose son huitième album en cette année 2005. "Paper Blood" est son nom, et sa pochette est flamboyante. Assurons-nous sans tarder que son contenu l'est tout autant et penchons-nous sur ces dix nouvelles offrandes, dont trois sont instrumentales.

Le groupe s'est séparé de deux de ses membres. Exit le guitariste Jacob Kjaer et le bassiste Steen Mogensen et bienvenue à Marcus Jidell et à... André Andersen à la basse. Oui, le virtuose du clavier sait aussi taquiner la quatre-cordes. Ajoutons que Kenneth Olsen, le batteur des origines, fait son grand retour et nous serons complet sur les détails du personnel de bord. Globalement, "Paper Blood", même s'il est comme de coutume dominé par des claviers omniprésents et des démonstrations de guitares à rallonge, et parsemé de chœurs féminins grandiloquents et d'orchestrations symphoniques, est plus heavy, plus speed, plus radical que ses prédécesseurs. On serait tenté d'avancer que l'influence en revient au nouveau roi du manche et au retour du frappeur d'antan. En effet, tous deux envoient du bois. Mais John West met également de la hargne dans son moteur et fait péter sa puissance vocale, encore plus qu'à l'accoutumée.

Commençons par les trois instrumentaux. 'Memory Lane' contient des envolées initiales au clavier puis des riffs prometteurs, puis patatras, l'artillerie lourde débarque entre guitares à la Malmsteen et claviers envahissants et ternes mélodiquement parlant. Mis à part le break final qui capte à nouveau l’intérêt, cette battle qui veut en mettre plein la vue marche sur une jambe. 'SK 983' n'est constitué que des défauts de son frère d'opus. 'Twice Round The World' est plus accrocheur, malgré les défauts récurrents démonstratifs. Le premier break où la guitare nous parle, le solo de batterie (!) médian et la seconde partie du morceau, moins précipitée, retiennent l'attention.

Question morceaux qui fâchent, citons 'Break Your Chains', le titre éponyme et 'Never Give Up'. Ces partitions ont beau être fougueuses et rapides, Royal Hunt touche là à l’auto-parodie, trop démonstratif, trop de notes jouées à la vitesse de la lumière et pas assez de sensibilité et de mélodies prenantes. La déferlante de notes tue l'émotion. 'Not My Kind' affiche les mêmes défauts, mais en version heavy.

Quant aux morceaux notables, ils sont au nombre de trois. 'Seven Days', plus calme, plus nuancé avec quelques passages tout en atmosphère, convainc son auditoire. Le fleuve de notes a perdu en débit (même si de temps à autres le naturel chassé revient au galop) et West nous la fait à la DC Cooper, ce qui est loin d'être chagrinant. Mis à part le break inutile avec voix trafiquée, ce morceau est agréable à écouter. 'Kiss Of Faith' est un mid-tempo réussi avec guitare acoustique aux intentions country et piano bastringue, où quasiment seul le refrain nous ramène aux habitudes de Royal Hunt. 'Season's Change' est une ballade parfaite. West, sensibilité à fleur de peau, est ici impressionnant. Voilà le meilleur morceau de l'opus.

"Paper Blood" est ainsi un album décevant. Royal Hunt y tourne en rond sur lui-même, Andersen et son nouveau guitariste en font des tonnes, ce qui use sévèrement à la longue. Un peu plus de parcimonie dans la démonstration des talents, indéniables ceci-dit, serait la bienvenue à l'avenir.

ROYAL HUNT

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