SUNRISE AURANAUT: The Adventures Of Huckleberry Finn (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Vitaly Kiselev avait quelque peu échaudé la rédaction de Music Waves avec un "The First Cosmic" resté dans les mémoires, mais pas pour les bonnes raisons. Deux albums et cinq années plus tard, il se rappelle à notre souvenir en s’attaquant à un monument de la littérature mondiale, "The Adventures of Huckleberry Finn". Pour mémoire, ce roman de Mark Twain est à des lieues de l’univers enfantin de "Tom Sawyer" : c’est le récit initiatique d’un enfant qui, pour fuir son père violent, descend le Mississippi en compagnie d’un esclave noir évadé et découvre les côtés de les plus sombres de l’âme humaine. Pour traduire ce concept en musique, Vitaly s’est entouré d’Alexander Malakhov aux synthétiseurs et d’Ilya Blinov à la batterie, mais garde quand même au sein de Sunrise Auranaut les rôles de claviériste, bassiste, guitariste, compositeur, producteur et designer du projet…

Il y a quelques progrès dans cet album tout instrumental : les morceaux sont dans l’ensemble mieux construits, à part 'Lost In The Thick Fog' (atonalité atmosphérique) et 'It's Time To Leave Again' (errance sans thème réellement posé). On entend même quelques motifs rythmiques bien trouvés ('Collision With the Ship', 'It's Time To Leave Again') ou des ambiances a priori intéressantes (le côté oriental de 'Blood Feud').

Seulement voilà : des erreurs, surprenantes pour un artiste qui en est à son sixième album, viennent assombrir le tableau. En premier lieu, la production, livrant un son cotonneux qui étouffe l’individualité de tous les instruments : basse indistincte, batterie mal captée au son très cheap, guitare manquant de tranchant. Le choix des sonorités nous ramène au mieux à l’époque 'The Snow Goose' de Camel (45 ans quand même, comme le temps passe !), avec des synthés terriblement datés ('Two Crooks'). La construction harmonique / polyphonique des titres reste bien sommaire, et les musiciens ne font pas montre d’une technique remarquable : le jeu de basse est extrêmement linéaire, la guitare reste bien appliquée, la batterie peine à installer des ambiances prenantes ('Lost In The Thick Fog', édifiant), le tout est joué sans aucune nuance, rendant l’écoute très monotone ('This Whole World Is Your Home', interminable !). Ajoutons que Vitaly Kiselev a tendance à écourter ses fins de morceau (la palme à 'Collision With the Ship'), ce qui n’est pas la meilleure façon de laisser une bonne impression !

Avec tous ces défauts, Sunrise Auranaut a bien du mal à exprimer l’ampleur de son sujet. Il n’arrive d’ailleurs à donner corps aux ambiances que rarement (l’atmosphère de terreur de 'Collision With the Slip') et très maladroitement : il est question d’un rivage ('Far Mornong Shore'), voilà un bruit de vagues; une tempête survient ('Cave and Night Storm'), hop, un bruit d’orage, etc. Le concept devient donc rapidement un prétexte, pour lequel il faudrait décidément que Vitaly Kiselev prenne contact avec un vrai producteur, afin que sa musique atteigne enfin un niveau décent : la palette sonore est trop bloquée sur des sonorités désuètes et des rythmes sautillants pour être évocatrice.

SUNRISE AURANAUT

THE ADVENTURES OF HUCKLEBERRY FINN

AUTRE LABEL

ROCK PROGRESSIF