ABEL GANZ: The Life Of The Honey Bee And Other Moments Of Clarity (ROCK PROGRESSIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Existe-t-il sur la planète prog un groupe à l'histoire aussi étrange qu'Abel Ganz ? Fondé aux débuts du revival progressif du début des années 80 et dans le plus pur style néo-progressif alors en vigueur, le groupe qui a accueilli entre autres Alan Reed comme frontman a depuis perdu la totalité de ses membres fondateurs, et a surtout opéré un changement de style radical avec la publication en 2014 de "Abel Ganz". Six années plus tard, "The Life of the Honey Bee and Other Moments of Clarity" vient confirmer la tendance, en nous proposant un album plutôt inclassable.

La plage titre qui ouvre l'album nous entraîne durant douze grosses minutes dans un mélange de genres au premier abord déroutant, où l'on pourra retrouver quelques relents d'Unitopia, sans toutefois la grandiloquence orchestrale des Australiens, mais aussi et surtout des effluves prononcées de The Tangent, avec des lignes musicales par moments insaisissables, dénuées de tout artifice et soutenues par une basse gouleyante et des harmonies jazzy, complétées par des interventions d'instruments traditionnels (fiddle, harmonica).

La partie centrale nous propose ensuite trois titres donnant la part belle à des mélodies travaillées accompagnées sur un mode majoritairement acoustique où le piano se taille la part du lion. L'exercice permet de mettre en valeur les qualités vocales de Mick Mac Farlane, accompagné par la voix féminine d'Emily Smith sur 'One Small Soul', titre aux allures de single (avec un radio edit en bonus !) mais qui finit par tourner en rond. On notera également la réminiscence du style original d'Abel Ganz dans le final de 'Summerlong' où l'on retrouve quelques parties de claviers néo au milieu là encore d'un ensemble typé musique de chambre (piano/quatuor à cordes).

Avec 'Sepia and White', l'album va enfin décoller de sa langueur pour nous proposer un titre progressif en diable, proposant de multiples thèmes, des rythmiques impaires et des arrangements travaillés, au sein duquel un piano supertrampesque vient régulièrement réchauffer nos oreilles. Avec une construction et une réalisation faisant appel aux canons du genre, cette parenthèse enchantée vient souligner encore un peu plus le côté protéiforme d'Abel Ganz.

Cette diversité risque néanmoins de laisser quelques auditeurs sur le bord du chemin, le manque de repères pouvant s'avérer perturbant tout au long d'une bonne partie de cette nouvelle production particulièrement soignée dans sa réalisation. A moins que l'esprit d'ouverture ne finisse par l'emporter au fil des écoutes. A chacun de se faire sa propre opinion.

ABEL GANZ

THE LIFE OF THE HONEY BEE AND OTHER MOMENTS OF CLARITY

AUTOPRODUCTION

ROCK PROGRESSIF