The Yokel est un collectif de huit musiciens lorrains. Après un premier EP en 2017, le groupe se retrouve à un carrefour symbolisé par les deux branches de la lettre Y qui donne le nom à son album.
Les clichés du courant folk dépeignent souvent un groupe de jeunes chevelus autour d'un foyer, s'accompagnant d'une guitare désaccordée en s’époumonant d'une voix plus ou moins juste (ces clichés n'ont bien sûr par cours chez Music Waves). Si The Yokel reprend cet esprit communautaire, sa musique n'est pas une énième litanie de babas cools. Dès le premier morceau, les Lorrains partent en quatrième vitesse. Judicieusement intitulé 'Sublime', c'est un hymne chaleureux avec sa panoplie de violons et de guitare folk. La peur de ne pas tenir la durée aurait pu se faire sentir mais nos musiciens émérites ont de quoi rebondir et le morceau suivant 'No And Me' nous prouve que le voyage est bien lancé. Les compositions s'articulent autour des voix de Thibaut et Lucile, l'alchimie vocale est assez réussie, l'aspect grave de l'une compense la fausse légèreté de l'autre. La tristesse est de mise mais elle n'est jamais plombante - témoin 'Dead's End' où l'amertume laisse place à la rage. The Yokel montre également une belle aptitude à trouver des refrains éclatants, facilement mémorisables et terriblement enjôleurs.
Le voyage s'accomplit sous les meilleurs auspices, mais parfois le groupe est victime de sa nature : sur 'Vittorio', Thibaut prend la voix d'un patriarche écrasé par les affres du temps. Si la chanson est une réussite, elle coche toutes les cases du cliché. The Yokel y perd un peu de son originalité et la deuxième partie de l'album se révèle assez prévisible. Généreux dans son propos, le groupe cherche à partager à tout prix l'émotion nue avec son public, parfois au détriment de toute prise de risques. Sans être vraiment en pilotage automatique, le groupe aurait tout intérêt à élargir son propos. L'album se termine toutefois par le titre éponyme qui même après quelques chansons de moindre envergure nous révèle que nous avons grandi entre 'Sublime' et 'Y'.
The Yokel offre une expérience enrichissante. Son folk nostalgique et mélancolique ne s'apprivoise guère et la rage ou la joie ne sont jamais bien loin. En étant peut-être un peu moins généreux, la durée de 50 minutes s'avérant quelque peu exagérée, le groupe pourrait franchir un nouveau palier. Néanmoins l'écoute reste agréable, nul doute que l'on entende encore parler de ces Lorrains !