Sans qu'on le sache, la musique d’Arrogant Criminals est entrée dans des millions de foyers pendant des années à chaque fois qu’un enfant s’installait devant son écran plat pour visionner un épisode du dessin animé « Les Daltons ». Après cette première exposition en tant que compositeurs pour le générique d’une série, les Parisiens ont réalisé un EP en 2013 puis un second en 2017 sans compter plusieurs participations réussies à des tremplins. Fort de l’expérience engrangée tout au long des dix années passées, Arrogant Criminals se lance dans son premier album baptisé "Fine & Dandy".
Avec sa pochette très typée rock indie anglo-saxon, pas de doute sur la marchandise. Les Parisiens sont clients du son venu d’outre-Manche et Atlantique et affichent leur affinité envers l’effervescence alternative et indépendante de la culture anglo-américaine du début du millénaire. Biberonnés à la liqueur mélodique des Beatles et convaincus par le croisement sonore des années 2000, les quatre Franciliens mélangent allègrement les genres en puisant dans le psychédélique, la synthpop, le rock des années 70 ou la britpop. Mais en élèves très doués, ils ont très rapidement voulu dépasser leurs influences classiques pour y ajouter leur propre signature. Leur griffe passe par une capacité à métisser leur écriture et un goût pour la mélodie ludique et attrayante. Ce qui rend l’écoute de "Fine & Dandy" grisante, c’est que l’on ne sait pas à l’avance dans quelle direction Arrogant Criminals va nous embarquer quand débute un nouveau morceau.
Parmi les enchaînements les plus remarquables vous aurez droit aux dansants ‘Fine & Dandy’ et ‘I’m A Fool For You’ auxquels succède le beatlesien ‘Saying Goodbye’ très propre dans ses chœurs. Il y a aussi ce rock lumineux et léger comme un jingle publicitaire (‘I Wanna Be Your Man’) qui devance un hommage aux Doors, ‘Midnight Revelation’ avec claviers d’époque et son introduction de percussions ethniques très justement intitulée ‘La Tempête’. L’expérience prend souvent une allure intemporelle et déstructurée, le groupe s’amusant avec des développements alternant l’inattendu et le saugrenu comme avec les deux parties de ‘Long Ago’, liées et si différentes, l’une par son rock à la frénésie boogie et l’autre en mid-tempo opalescent sous l’égide de Pink Floyd avec un rappel brutal du thème précédent. Il y a chez Arrogant Criminals une gentille irrévérence, celle du talentueux qui ne se prend pas au sérieux. Car si l’album se termine sur deux morceaux respectueux d’un certain classicisme 70’s, il faudra en passer par le jazzy bien en forme et ses voix de cartoon de ‘Time Traveler’.
"Fine & Dandy" est un joyeux fourre-tout dans lequel sont jetées toutes les idées des Criminels Arrogants. Les nombreuses influences du groupe affleurent souvent dans les morceaux mais on entend aussi les couleurs d’une empreinte plus personnelle. Cela provoque parfois des étincelles mais dans sa globalité le disque affirme le potentiel et les qualités de cette formation à suivre de près.