Palaye Royale est né en 2008 de la volonté de trois frères de monter un groupe. Après deux EP et des singles classés dans les charts, le groupe est signé sur le label Sumerian Records pour son premier disque "Boom Boom Room (Side A)" en 2016. Deux ans après la sortie du "Side B" les Américano-Canadiens reviennent pour leur troisième disque "The Bastards".
Les trois frères pratiquent un genre d’art rock tiraillé de problématiques existentielles adolescentes qui picore un peu partout, dans l'alternatif, la pop, le punk, qui aime les connotations gothiques et morbides, appuyées par des gestuelles et postures androgynes et des maquillages blafards. Musicalement Palaye Royale ne joue pas la surenchère dans les durées des titres avec de courts morceaux de trois minutes en moyenne. Si le rock proposé n’est pas révolutionnaire et même plutôt simpliste dans les riffs et les idées mélodiques, les formats directs et la variété déployée tout au long de ces quatorze titres évitent que le sentiment d’ennui ne s’installe.
L’entame du disque ne facilite pas son immersion car Palaye Royale déploie d’emblée ses compositions les plus gothiques fortement chargées en effets électro et rehaussées de chants saturés assez irritants. La cassure se fait dès le mid-tempo ‘Lonely’, morceau sombre qui raconte les traumatismes subis dans l’enfance de Remington Leith. Le climat crépusculaire qui régnait jusque-là laisse enfin entrer quelques lumières rendant l’écoute plus gaie et entraînante comme avec ‘Nervous Breakdown’, ‘Hang On To Yourself’ qui pourrait faire penser à Marroon 5 ou le terriblement fuzzy ‘Nightmares’. Par la suite les Américains reviennent à la noirceur du début, dans des modalités moins naïves par ailleurs, avec le bien nommé ‘Doom (Empty)’ et le très Marylin Manson ‘Masochist’ pour lentement basculer dans le déprimant à l’occasion d’un piano-voix orchestré et dépressif ‘Redeemer’.
"The Bastards" n’est pas l’album idéal pour fêter un déconfinement sauf à vouloir cultiver ses penchants masochistes. Néanmoins, "The Bastards" est un disque de plus qui s’écoute facilement, bien que parfois agaçant dans ses voix, mais dont l’expérience ne laissera pas une trace indélébile.