Chest Rockwell, difficile de trouver des informations sur le net à propos de ce groupe de rock américain au nom mystérieux. Pourtant, le quatuor n’en est pas à son coup d’essai. Créé en 2004, le groupe a sorti plusieurs albums autoproduits et a joué des concerts un peu partout aux Etats-Unis. En avril 2020, la formation du Kentucky sort un nouvel album baptisé "Ghost Of A Man Still Alive".
Toutefois, à y regarder de plus près, difficile de parler du groupe dans son ensemble ici. En effet, dans les crédits de l’album, on apprend que le disque a été écrit, composé, joué, arrangé, enregistré, mixé et masterisé par Josh Hines, le guitariste et chanteur de la formation. En l’occurrence, il s’agit donc plus d’un album solo sous le nom de Chest Rockwell.
Si le groupe de Bowling Green se définit comme une formation de metal progressif, de metal alternatif et de post-rock, cet album se situe effectivement quelque part entre ces qualificatifs-là, bien qu’il penche un peu plus dans le sens du rock alternatif. Le disque se compose de 13 morceaux, dont 4 d’une minute, ‘Present’, ‘Future’, ‘Past’, et ‘Eternal Return’, qui font office de transitions entre plusieurs parties du disque.
‘Proteus’ est certainement l’un des meilleurs titres et l’un des morceaux les plus efficaces de l’album. Avec des guitares et une basse pleines de fuzz, les riffs rapides et bien trouvés ne sont pas sans rappeler les ambiances de Mastodon. ‘Paradox’, lui aussi efficace, pourrait presque évoquer Tool dans les premières secondes, avant que le synthé ne donne un côté plus rock progressif à la composition. Si le ton global de l’album est assez rude, le titre ‘Farewell, Voyager’, apporte une touche plus atmosphérique, avec des claviers plus prégnants qu’à l’accoutumée et qui diversifient l’approche musicale. Surtout, l’inattendu ‘Cradle’ se dévoile dans un registre plus grave et symphonique, avec une longue montée en puissance et avec un côté épique très appréciable.
On peut saluer ici la polyvalence du guitariste qui à lui tout seul est parvenu à réaliser un disque 100% fait maison, sans s’offrir l’aide d’un quelconque partenaire dans l’aventure. Cette force est elle-même à l’origine d’une certaine faiblesse puisque la production ne sert pas vraiment l’album dans sa globalité. On sent qu’elle a été assurée par un guitariste tant les guitares sont au premier plan. La batterie, très sûrement programmée au vu de ses sonorités pas vraiment authentiques, est un peu trop en arrière-plan pour que la rythmique puisse jouer un rôle clé. Aussi le fuzz des guitares, assez systématique, a tendance à instaurer une certaine fatigue auditive. Avec un producteur digne de ce nom, le disque aurait certainement été plus équilibré et le résultat aurait servi les compositions.
"Ghost Of A Man Still Alive" propose donc de bonnes idées qui auraient méritées d’être davantage mises en avant avec une meilleure production. Mais au vu du travail colossal qui a dû être livré par l’homme fort de la formation, on ne peut que s’incliner devant l'importance de son investissement.