Cadaver est un vieux routard du death né à la fin des années quatre-vingt, qui n’a produit que trois disques : “Hallucinating Anxiety”, “... in Pains” et “Necrosis”. Ces disques ont toutefois reçu de très bonnes critiques. Seize années après "Necrosis", Anders le seul membre originel, accompagné dorénavant de Dirk Verbeuren (Megadeth), publie un trois titres mordant “D.g.a.f” (Don’t Give A Fuck). Alors peu importe les années, les musiciens partis ou les modes passées, le groupe fait une musique venue des tripes, voire de la tripaille.
‘D.g.a.f’ se base sur une construction digne de Carcass, avec sa voix tranchante et acide à en percer les tympans. Les riffs sont acérés, la guitare est issue de chez Morbid Angel, les bend tirés jusqu'au claquage venus de chez Malevolent Creation. Mais la batterie semble carrée et rectiligne, si bien qu'on y cherche un groove palpable. ‘Deformed Insanity’ offre ce groove tant désiré, puis charme grâce à une juxtaposition de guitare rapide et de batterie ultra-lourde. C’est l’ombre du Entombed de “Clandestine” ou de Dismember qui plane. La six-cordes impose des trilles qui arrachent les tympans, alors que la voix hargneuse et les sonorités macabres sont à mi-chemin du black. ‘Disgrace’ alourdit le tempo avec des riffs dissonants proches de Benediction (“Subconscious Terror”) et un vibrato poussé jusqu'à son paroxysme.
“D.g.a.f” est un EP qui permet a l'Anglais cadavérique de sortir de ses années de retraite. Ce triptyque de chansons, qui étonne par sa noirceur et ses ambiances malsaines, permet au musicien de renouer avec un death originel et peut-être de contenter les amateurs de old school, même avec si peu de prise de risque.