Cinquième album pour les Norvégiens de White Willow depuis leur formation en 1995, avec de constants changements de line-up ; ici, c’est la chanteuse qui a été remplacée, avec l’arrivée de Trude Eidtangen.
D’emblée on peut souligner que ce Signal to Noise bénéficie d’une impeccable finition : production au top, précision du son et soin extrême apporté à l’équilibre instrumental, ce qui est remarquable quand on sait que l’album a été enregistré en seulement trois semaines : de la belle ouvrage !
Côté compos, il semble que White Willow ait dérivé du strict domaine du folk-prog-symphonique qui a fait son image pour s’ouvrir (ou se fermer, c’est selon) vers un registre plus calibré pop, donc plus accessible pour le grand public. Le titre d’entame montre bien cette évolution : avec le timbre de la nouvelle chanteuse, on croirait entendre du Fleetwood Mac modernisé, avec Christine McVie au micro ! Sympathique, mais pas vraiment progressif ... Impression confirmée sur la plage suivante, Splinters, heureusement tirée de l’enlisement par un instrumental planant bien réussi.
Ghosts, entièrement instrumental, nous fait enfin arriver avec bonheur dans les rivages progressifs affirmés : ambiances inquiétantes, variations réussies, on retrouve toute l’originalité de l’école scandinave.
Plus dure sera la chute ! Joyride est un titre platement pop, bien calibré, à la rythmique terne qui ramène l’auditeur sèchement aux réalités commerciales. Flop !
Poursuivant son numéro de grand écart, le groupe nous propose ensuite The Lingering, vraie réussite qui trouve le parfait équilibre entre les deux faces de White Willow présentes dans cet album : le propret aseptisé et l’atmosphérique inquiétant, alternant avec bonheur les ambiances. L’instrumental central ainsi que le redémarrage final, qui ne manque pas d’ampleur, sont excellement mis en place et exécutés.
Sans surprise, la suite s’avère de nouveau décevante : The Dark Road , ballade suave d’un intérêt mineur et Chrome Dawn, essai d’ambiance à la “Ice” de Camel, en roue libre, laisse une impression d’improvisation plus que de composition ; c’est long, n’est pas Latimer qui veut !
Dusk City renoue avec l’ambiance du morceau d’ouverture et s'autorise une heureuse évolution beaucoup plus intéressante (les ambiances nordiques sont de retour avec la flûte, et c’est tant mieux ! ). L’album se clot brièvement avec Ararat, court morceau instrumental d’ambiance .
Il semble qu’avec ce Signal to Noise, le groupe Norvégien soit tombé dans un piège classique, à trop vouloir élargir son audience. On dispose ici d’un produit très bien fini, mais qui a laissé un peu de son âme dans l’évolution (involution ?) , ce que les amateurs de la première heure regretteront sûrement. Dommage au vu des titres qui surnagent, et qui sont excellents : la note relativement sèche est celle qu'on donne a un bon élève qui s'est laissé aller à donner un devoir en-dessous de sa réelle valeur !