Après trois ans de sommeil, Yes revint en 1977 dans sa formation d'âge d'or (Anderson-Howe-Squire-Wakeman-White) pour signer un album au mauvais fond, mais qui recèle de quelques perles.
"Going for the one" fait peur au premier regard. L'affreuse pochette n'est plus de Roger Dean, le légendaire illustrateur du groupe, mais de Hypgnosis, qui nous avait pourtant habitué à un excellent travail. Le son de Yes a changé depuis le royal "Relayer". Alourdi par des synthés inaudibles, parasité par des arpèges douteux, le disque est étouffé et les changements de rythme, d'habitude si envoûtants, deviennent pénibles.Le disque est-il pour autant à jeter ? Loin de là. La chanson-titre sait ouvrir l'album, par un morceau enjoué et virtuose. Héritier des "Siberian Kathru" et autres "Yours is no disgrace", "Going for the one" la chanson est une énergique ritournelle à écouter sans modération.Mais surtout, "Going for the one" est l'album de l'un des plus beaux morceaux de Yes, un titre légendaire qui clot l'album, et lui donne une raison d'être. "Awaken", ode poignante et cristalline, est bercée de harpe, de choeurs classiques et d'orgue d'église. Ecartelé entre la douceur des claviers, et une virtuosité enivrante de la basse et la guitare, "Awaken" est l'un des absolus meilleurs morceaux de toute l'immense carrière de Yes. La preuve, le groupe l'a repris dans son live "Keys to ascension", et l'a rejoué lors de son passage à Paris le 28 février 2000.
Ainsi, "Going for the one" est de nouveau un album relativement inégal. Mais que personne ne tente de passer à côté de ce morceau, dans l'une ou l'autre de ses versions.